Intervention de Jean-Baptiste Lemoyne

Réunion du mardi 8 février 2022 à 17h40
Commission des affaires économiques

Jean-Baptiste Lemoyne, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du tourisme, des Français de l'étranger et de la francophonie, et auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargé des petites et moyennes entreprises :

Revenir sur l'ensemble de l'activité conduite depuis cinq années est profondément utile au regard du contrôle de l'action du Gouvernement, en l'espèce de celle qui s'est, depuis 2017, focalisée sur le tourisme, les Français de l'étranger et la francophonie. À cet égard, j'exprime ma gratitude à l'égard du Président de la République et des Premiers ministres successifs, qui ont donné du temps aux membres du Gouvernement pour déployer leurs orientations : cela contribue à ce que le politique reprenne le manche face à l'administration.

À cette action s'est ajoutée une autre, plus récemment : alors que nous allons débattre ce soir dans votre hémicycle du très attendu projet de loi en faveur de l'activité professionnelle indépendante, qui va sans doute trouver son point final, je tiens à saluer l'action résolue de M. Alain Griset, que j'ai poursuivie.

Quoi de commun à toutes ces thématiques ? Le rayonnement français. Ainsi, le tourisme « bleu blanc rouge » montre aux visiteurs le meilleur de ce qu'est la France, de son patrimoine et de sa culture, un mélange de tradition et de modernité bien de chez nous qui donne envie de France.

Les Français de l'étranger, eux, font chanter l'accent français dans toutes les langues de la planète : ambassadeurs qui donnent eux aussi envie de France, ils diffusent notre langue et notre culture et participent à cette francophonie active.

Quant à nos PME et nos TPE (très petites entreprises), nos artisans, commerçants et indépendants, ils font vivre le « fabriqué en France » mieux que quiconque.

Tout cela concourt à ce rayonnement auquel, depuis deux ans, le virus de la covid-19 s'efforce hélas de faire de l'ombre. Tous les secteurs que j'évoque ont connu des heures difficiles, parce qu'ils ont été particulièrement exposés à la crise sanitaire. Pour résumer notre action depuis cinq ans, on peut donc dire que nous avons réparé et préparé, en gardant toujours un œil sur le microscope, pour voir le détail de la situation, et un sur la longue-vue, pour préparer le rebond.

Cela vaut en particulier pour le secteur du tourisme, qui, entre janvier et mars 2020, a connu la fermeture des frontières, parfois du jour au lendemain, les restrictions sanitaires et l'annulation des déplacements ; nous sommes alors entrés dans une société du rideau baissé et de la porte close.

L'État a été présent aux côtés de ces professionnels, comme vous l'avez été, au travers de projets de loi de finances rectificatives comportant de puissantes mesures de soutien. Nous avons ainsi pu structurer le comité de filière Tourisme, qui regroupe professionnels, élus et parlementaires investis sur le sujet afin d'avancer ensemble. Le Président de la République et le Premier ministre ont érigé le tourisme en priorité nationale, avec des aides dédiées qui s'élèvent à 38 milliards d'euros depuis le début de la crise.

Après ce soutien d'urgence, il fallait travailler à la relance : tel est le sens des plans Avenir montagnes, doté de 640 millions d'euros, et Destination France, doté de 2 milliards, dont 500 millions de crédits budgétaires totalement nouveaux. Ce dernier plan a pour ambition de conforter notre place de première destination touristique mondiale, mais aussi de faire de la France la première destination en matière de tourisme durable, ce qui sera un avantage décisif dans les prochaines années.

Il s'agit d'un véritable réarmement. Prenant mes fonctions, en 2017, j'ai constaté que, dans la loi de finances votée en décembre 2016, le programme 134 Développement des entreprises et du tourisme était doté royalement de 2 millions d'euros ! Pour la première destination mondiale ! C'est incroyable. Il fallait certes y ajouter 30 millions, inscrits dans les crédits du Quai d'Orsay pour Atout France, mais voilà à quoi on en était arrivé en termes de soutien à la structuration de la politique publique. Depuis quinze ans, on considérait grosso modo que le tourisme était une économie de rente – de cueillette : il suffisait de se baisser pour ramasser les recettes !

Mais aujourd'hui, la compétition est mondiale. Lors de la réouverture des frontières, tout le monde a mis des dizaines de millions sur la promotion de sa destination. La crise a au moins fait prendre conscience que le tourisme est une activité qui pèse énormément dans l'économie de nos territoires. Le Président et les Premiers ministres ont été au rendez-vous des arbitrages : il en allait tout simplement de l'avenir du secteur.

On a longtemps dit que les emplois dans le tourisme n'étaient pas délocalisables : bien sûr que si ! Certaines destinations qui ne figuraient pas il y a vingt ans sur la carte du tourisme mondial sont ainsi devenues des poids lourds, aussi bien pour les loisirs que pour les affaires, comme les Émirats arabes unis. L'Arabie saoudite est en train de se structurer pour accueillir des dizaines de millions de personnes.

Nous ne pouvons donc pas nous permettre de rester les deux pieds dans le même sabot. Les plans que j'ai évoqués vont nous permettre d'améliorer notre offre et de mieux la faire connaître, et aussi de faire en sorte qu'elle accomplisse les transitions écologique, environnementale et numérique nécessaires afin qu'elle tienne son rang.

Réparer et préparer, cela vaut aussi pour la vie de nos PME et TPE, qui ont été durement touchées par la crise. Dès mars 2020, le Président de la République nous a demandé d'éviter les erreurs de 2008-2010, quand l'emploi était la variable d'ajustement : l'Allemagne avait rebondi plus vite parce qu'elle avait mieux protégé son tissu économique.

Très vite donc, des réponses massives ont été apportées : le fameux « quoiqu'il en coûte » a pu éviter vagues de faillites et de licenciements, crise économique et crise sociale, et donc potentiellement crise politique. Il a permis de protéger les petites entreprises, notamment au travers du fonds de solidarité puis des prêts garantis par l'État (PGE) et de l'activité partielle.

Bref cette gestion de crise a permis de préserver le tissu. Les derniers chiffres sur le rebond économique montrent que ce choix était le bon – et que les autres auraient sans doute été encore plus coûteux.

Mais les défis n'ont pas disparu. Vous évoquiez les trois millions d'indépendants qui maillent notre territoire et incarnent les valeurs de mérite, de travail et d'effort. Il était temps de les protéger davantage, notamment s'agissant de leur patrimoine personnel, et de leur apporter des simplifications administratives. Tel est l'objet de la loi qui sera adoptée définitivement ce soir.

Et n'oublions pas nos commerçants. Le commerce est directement touché par certaines évolutions que la crise a accélérées, celle du numérique par exemple. Pour y faire face, nous avons souhaité agir avec l'ensemble des professionnels, comme en témoignent les Assises du commerce. Nous nous servirons des préconisations qui en sont issues pour donner au commerce physique les moyens de lutter à armes égales.

Préparer, c'est aussi renforcer le bilan des entreprises et soutenir leurs investissements, grâce au plan de relance. Élu de l'Yonne, je constate que l'on n'avait jamais autant aidé les collectivités et les entreprises à investir dans les technologies d'avenir. Les TPE et PME ont ainsi bénéficié de 40 milliards d'euros, dont 24 sont déjà engagés.

Réparer et préparer, cela vaut aussi pour nos compatriotes établis hors de France, qui ont été les premiers à être touchés par la crise sanitaire – en Chine, en janvier 2020. Une énorme opération logistique a permis d'en rapatrier 370 000. Il a aussi fallu s'assurer que notre réseau d'écoles françaises à l'étranger tenait le choc, en multipliant les bourses et les aides à la scolarité, qui représentent 106 millions d'euros en 2021. Les aides sociales ont été abondées, parfois chiffrées à plusieurs centaines d'euros par foyer, car de nombreux pays n'ont pas de filet de sécurité semblable au nôtre.

Le soutien sanitaire à nos compatriotes établis à l'étranger a pris la forme d'une campagne de vaccination, déployée dans soixante-neuf pays, ainsi que d'une campagne de rappel, par exemple à Madagascar. Nous partageons également nos doses de vaccin, dans le cadre du programme Covax, avec un certain nombre de pays partenaires.

Nous avons également veillé à simplifier la vie des Français de l'étranger en simplifiant et en modernisant un certain nombre de procédures. Nous allons ainsi expérimenter prochainement au Canada une procédure dématérialisée de renouvellement des passeports.

Autre amélioration du service public, celle de l'accueil téléphonique dans les consulats : une expérimentation est menée avec le service France consulaire, visant à centraliser les réponses téléphoniques dans nos locaux du nord de Paris. Cela fonctionne très bien, avec un taux de décroché de 98 %. Nous lancerons également dans quelques jours des applications de prise de rendez-vous dans les consulats, qui simplifieront considérablement les choses.

Tout cela est mis au service d'environ 3,5 millions de personnes établies hors de France, que chacune de nos politiques publiques doit pouvoir atteindre de façon certaine.

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