Intervention de François Ruffin

Réunion du mercredi 9 février 2022 à 9h35
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Votre satisfaction me paraît un peu surréaliste. Le quotidien Le Monde fait état d'une étude de l'INSEE selon laquelle, depuis deux ans, l'emploi a progressé dans tous les secteurs, à l'exception notable de l'industrie qui, avec environ 38 000 emplois en moins, est en perte de 1,2 %. Cette année est aussi marquée par un déficit commercial record de 85 milliards d'euros.

Comme symbole industriel, j'aurais pu choisir le site de Whirlpool : après trois visites du Président de la République et trois fermetures d'usine successives, il n'y a plus rien à l'intérieur que des « algecos » défoncés et des plantes qui poussent. Ou encore Alstom, où le Président de la République est en train de refaire ce que le même avait défait en tant que ministre de l'économie. Mais je préfère prendre comme symbole les masques que nous portons. Ces masques – qui viennent d'être distribués aux enseignants, enfin ! – portent l'inscription Longgang Shenzhen China. On importe des masques de Chine pendant qu'une usine située près de Montpellier tourne deux heures sur vingt-quatre, alors qu'elle a pourtant reçu des centaines de milliers d'euros d'aide pour fonder le site. Quant à l'entreprise Le masque français, elle arrête d'en produire.

Là est toute la contradiction : une politique industrielle de relocalisation ne peut que rester à l'état de bonnes intentions si on a, en même temps, une mondialisation à tout-va. Au cœur de la crise de la covid, le Président de la République disait que déléguer notre alimentation et notre production à d'autres était une folie. Et dans le même temps, on continue à signer des accords avec le Vietnam, l'Inde, le Canada, le Mexique, la Chine ! Votre solution, c'est de continuer la politique menée depuis quarante ans, celle qui consiste à rechercher la compétitivité et l'attractivité à travers le dumping fiscal et social. Pour réussir la relocalisation, ce que nous réclamons avec 150 patrons du textile, c'est du protectionnisme, avec l'instauration de barrières douanières et la sortie d'un certain nombre de traités de libre-échange.

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