Monsieur Di Filippo, la situation dans laquelle nous récupérons la production française d'énergie est le fruit d'années de politique énergétique. Je crois me souvenir qu'au cours des dix années précédant notre gestion, le propos sur le réinvestissement dans le nucléaire n'était pas aussi net que celui que nous avons tenu. Il y a quarante ans, le plan Messmer donnait corps à une vision d'anticipation extraordinairement utile aujourd'hui, qu'il faut saluer. Pour notre part, nous avons défini notre politique énergétique de façon rationnelle, en sollicitant des experts. Réseau de transport d'électricité (RTE) a ainsi dédié quarante personnes pendant deux ans à la confection d'un rapport, dans le cadre duquel quatre mille experts ont été interrogés, et auquel les associations environnementales ont été associées. Les scénarios étayés qui en ont été tirés parlent tous d'un besoin d'électrification massif qui passe par un réinvestissement dans le nucléaire, l'accélération de la production d'énergies renouvelables – ce que nous appuyons et avons entamé – et l'efficacité énergétique, tout aussi essentielle.
À travers le plan de relance, qui date d'à peu près deux ans, nous avons consacré près de 500 millions d'euros au nucléaire et au soutien de la sous-traitance – quarante-deux entreprises ont bénéficié de 470 millions d'euros pour améliorer leur niveau de compétences et réinvestir. Le contrat stratégique de filière, signé voilà plus de six mois, a déjà singulièrement relevé l'ambition de la filière et en consacre le caractère stratégique, avec notamment un volet sur les compétences comportant les bourses du nucléaire et l'école du nucléaire, lancée il y a presque deux ans, la consolidation de la filière de sous-traitance, le programme de soutien des premiers petits réacteurs modulaires (SMR), initié dans le plan de relance et prolongé dans « France 2030 », pour positionner la France sur les technologies du futur. Et puis, dans le droit-fil de son discours du Creusot, qui remonte à 2020 et non pas à la semaine dernière, le Président de la République a fait des annonces très claires sur l'engagement à construire de nouveaux réacteurs nucléaires.
Du point de vue des industriels, je souligne d'abord que le coût de l'électricité en France est considérablement moindre que dans les pays voisins comparables – l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. Les deux dernières fonderies d'aluminium fonctionnant en Europe sont françaises, parce que nous avons anticipé l'augmentation du prix de l'électricité et que nous avons pu nous appuyer sur le bouclier nucléaire. Si celui-ci doit être porté au crédit du plan Messmer, en revanche, l'augmentation de la part de l'ARENH mise à disposition de l'ensemble des acteurs – ménages, PME, ETI, hyperélectrointensifs – est une décision que nous avons prise. Elle a permis d'éviter une explosion du prix de l'électricité de l'ordre de 45 %, selon la Commission de régulation de l'énergie, qui est, comme vous le savez, une autorité administrative indépendante. Elle est bonne pour notre industrie, pour nos emplois et pour notre compétitivité. Elle nous distingue assez singulièrement des autres pays européens.
L'enjeu pour nous, à moyen terme – c'est une discussion que nous avons engagée au niveau de l'Union européenne –, est de rétablir un lien entre la réalité de notre production nationale, à plus de 90 % bas-carbone et compétitive en termes de coût, et le prix payé par la population nationale, tout en ménageant la possibilité d'avoir accès à l'électricité européenne, car il nous arrive d'y faire appel. Le prix de l'électricité est alors fixé en fonction de la dernière centrale qui produit. Nous ne sommes, en effet, pas autoportants, probablement parce que l'aspect « maîtrise de la maintenance » n'a pas fait l'objet d'un grand intérêt au cours des deux derniers mandats. La première à avoir mis le doigt sur ce sujet s'appelle Barbara Pompili ; elle était alors députée et avait très clairement interrogé EDF sur les plans de contingence susceptibles d'être déployés en cas de difficulté sur des réacteurs.
Des annonces seront faites demain ; nous les entendrons tous ensemble.
Merci, Monsieur Adam, de souligner la portée de « Territoires d'industrie », qui couvre 1 600 actions et projets communs, portés par des élus locaux et des industriels – l'État central ne décide pas à leur place, ce qui est le mieux pour les territoires. Ces actions visent à développer l'attractivité, l'innovation, les compétences ; elles sont déployées depuis 2018 et se mettent progressivement en place. À la faveur du plan de relance, nous avons également mis sur pied un fonds d'accélération des investissements dans les territoires d'industrie, qui a permis de surmonter l'ingénierie financière que demande le financement d'un produit, entre la consultation de Pôle emploi, de l'ADEME, de la Banque publique d'investissement et de la Banque des territoires. Cette complexité administrative a été justement signalée par certains d'entre vous ; il fallait la balayer.
Ce dispositif a permis d'accélérer plus de 1 400 projets de modernisation, d'innovation ou de relocalisation, et pas uniquement au profit d'entreprises. Certains concernent des écoles de production et des antennes de centres de formation d'apprentis dans des territoires où manquaient des formations structurées autour de filières pour satisfaire des besoins identifiés dans les entreprises du bassin d'emploi. Ces projets extrêmement divers apportent des réponses immédiates aux besoins des territoires.
Un autre élément de bilan à tirer de « Territoires d'industrie » est la création de plus de trente mille emplois. Quant à son zonage, il n'intègre précisément pas les grandes agglomérations – certaines se sont d'ailleurs plaintes de ne pas y entrer. Il vise des territoires qui ont une tradition industrielle, qui sont en croissance ou en décroissance, qui ne bénéficient pas de la force naturelle des grandes agglomérations en termes de moyens, d'accessibilité, de numérisation des territoires, et donc qui répondent précisément à la problématique soulevée par M. Cinieri.
Que l'on envisage un grand ministère – et peu importe qui le fasse ! – témoigne de la conviction que l'innovation, l'industrie et l'énergie marchent ensemble pour la compétitivité. Ce n'est pas nécessairement le cas de la recherche, qui est un continuum de l'enseignement. On ne peut pas tout mettre dans un grand ministère ; ce serait tout ramener au Premier ministre qui devrait rerépartir les attributions. En tout cas, il est clair que l'énergie et l'innovation figurent parmi les leviers de la compétitivité industrielle. À nous de travailler ensemble, ce que nous faisons très bien avec le ministère de la transition énergétique. Quant au problème des compétences, même s'il est important, il ne justifie pas d'être traité par le ministère de l'industrie, parce qu'il ne pèse que 10 % à 15 % dans celle-ci, contre 100 % dans l'économie.
Madame Crouzet, en matière de délocalisations et de concurrence loyale en Europe, nous avons déjà pris un certain nombre de dispositions. Nous avons resserré la législation sur les investissements étrangers en France afin de les filtrer, et cela fonctionne. Nous en tirons des leviers de négociation, qui nous aident à ramener à la table des investisseurs peu enclins à aller dans le sens que nous souhaitons. Il nous est arrivé de dire non à certains. Le nombre de dossiers traités au titre de cette procédure des investissements étrangers en France a sensiblement augmenté. Nous avons également renforcé nos contrôles en matière de respect des normes d'importation et de mise sur le marché des produits. À cet égard, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) joue un rôle indispensable. À plusieurs reprises, nous avons appelé l'attention de la Commission européenne sur la nécessité d'assurer le même niveau de vigilance sur le respect des normes dans tous les pays, sachant que des importateurs profitent des contrôles allégés dans certains pour rentrer. Nous intervenons désormais sur les plateformes numériques, d'une part, au travers des contrôles de la DGCCRF. En 2018, ceux-ci ont mis en évidence la non-conformité de plus de 50 % des jouets et de la bijouterie fantaisie. Ce n'est donc pas l'épaisseur du trait et cela emporte clairement des enjeux de sécurité du consommateur et de concurrence déloyale. L'action sur les plateformes passe, d'autre part, par la réglementation, appuyée sur le Digital Markets Act et le Digital Services Act, qui constituent des avancées majeures.
Faire mieux : nous y travaillons, avec le règlement anti-subventions étrangères que la présidence française de l'Union européenne entend porter devant le Conseil « Compétitivité » et sur lequel je pense pouvoir obtenir un accord dans les prochaines semaines. Nous travaillons également à l'introduction de clauses environnementales dans les marchés publics, au règlement « Batteries » (qui est aussi un moyen de préserver la concurrence loyale dans les filières) ainsi qu'à instaurer une approche consistant à se demander systématiquement comment rééquilibrer la concurrence entre des entreprises européennes et françaises à qui l'on demande de faire des efforts en matière environnementale et des entreprises étrangères qui ne se voient pas nécessairement imposer les mêmes contraintes. Pour celles qui font très bien, il n'est pas question de verser dans le protectionnisme ; mais celles qui font moins bien peuvent légitimement se voir freinées ou appliquer un « ticket d'entrée » sur le marché européen. Après tout, si nous donnons un prix à la tonne de CO2, il n'est pas absurde de le faire payer aux produits plus coûteux en cette matière que ceux que font les Européens.
Sans faire de commentaire, je note votre intérêt pour les turbines Arabelle.
J'entends la frustration vis-à-vis du dossier Benteler. Reste que, sur le bassin d'emploi d'Auxerre, le taux de chômage a baissé de 2,3 % depuis que nous sommes arrivés aux affaires – 230 points de base, c'est gigantesque. Le volet social de Benteler est suivi par ma collègue Élisabeth Borne avec une grande vigilance. S'agissant du volet industriel, nous avons enregistré deux marques d'intérêt, dont l'une de la part d'un groupe industriel local d'envergure. Je ne peux pas aller plus loin, mais les connaisseurs du dossier le reconnaîtront. En tout état de cause, nous sommes mobilisés pour trouver une solution de rebond pour ce site. Stellantis avait bien confirmé son soutien, mais la difficulté tenait non pas à une quelconque délocalisation mais à la situation financière du groupe allemand Benteler, au bord de la liquidation judiciaire – il est en train de fermer des usines en Allemagne, en Belgique, au Brésil, en Chine et aux États-Unis et de céder d'autres actifs. Notre objectif est donc à la fois d'accompagner individuellement les salariés et de trouver des activités qui puissent s'installer sur ce site.
Madame Hennion, j'ai déjà mentionné ce que l'on peut attendre de la présidence française de l'Union européenne en matière industrielle. Toute la partie relative à la réglementation sera appréhendée avec pour ligne de conduite la concurrence loyale. Nous attendons des avancées significatives sur le règlement anti-subventions, le règlement « Batteries » porté par Barbara Pompili, le principe de réciprocité dans les marchés publics porté par Franck Riester, l'introduction de « clauses vertes » dans les marchés publics et le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières. Je n'oublie pas le Digital Services Act et le Digital Markets Act qui ont à voir avec la notion de concurrence loyale, notamment en matière d'acquisitions d'entreprises à la pointe de la technologie réalisées par un très grand groupe, qui profite de sa position quasi monopolistique pour imposer son rythme.
Pour la partie relative au développement industriel, nous disposons des projets importants d'intérêt européen commun ( Important Project of Common European Interest, IPCEI). Grâce à ce type de dispositif, nous avons financé l'« Airbus de la batterie » et nous accompagnons le développement d'une filière de batteries électriques en France, où trois gigafactories sont en construction à Douai, à Douvrin et à Dunkerque. Ce mécanisme nous permet également d'accompagner les projets d'hydrogène bas-carbone. Et c'est encore dans ce cadre que nous souhaitons lancer des projets en matière de santé, de cloud souverain et d'électronique et de connectivité, couvrant les semi-conducteurs mais également tout l'aval de la filière – internet des objets, 5G, 6G…, soit tous les éléments indispensables à la maîtrise des technologies numériques. Ces différents projets devraient connaître des avancées significatives au cours de ce semestre.
Monsieur Cordier, vous avez raison : la situation de Revin est particulièrement difficile. Nous peinons à trouver des entreprises pour réindustrialiser ce territoire, qui a une histoire industrielle très forte mais marquée par une désindustrialisation très brutale. En août 2021, nous avons proposé un dispositif « Choc industriel ». La région nous a indiqué avoir tous les voies et moyens pour ce choc et nous a proposé de travailler ensemble, avec les élus locaux, mais en s'appuyant sur son agence de développement économique, ce que nous avons parfaitement entendu. Sur ce territoire, nous avons un certain nombre de projets vivants. D'ailleurs, c'est le ministère de l'économie qui avait suggéré la friche en question plutôt que celle initialement envisagée dans les Hauts-de-France ; c'est celle qui a été retenue pour être proposée aux porteurs de projet, c'est donc plutôt positif. Reste que les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent et que je préfère que nous progressions très professionnellement sur les dossiers et sur les deux pistes qui se dessinent. La difficulté de ce type de dossiers, c'est qu'ils attirent les chasseurs de primes : il faut être capable de leur dire « non » pour dire « oui » aux porteurs de véritables projets industriels.
Quant à Tréfimétaux, le volet social est traité par Élisabeth Borne. Sur le volet industriel, l'enjeu est de pérenniser et développer les activités qui peuvent l'être. Tel est le sens des discussions que nous avons avec le groupe KME pour l'activité de fonderie. Encore une fois et clairement, nous serons prêts à soutenir des investissements qui garantissent le devenir du site, qui est la dernière tuberie de cuivre. Nous avons aujourd'hui les outils d'accompagnement et de soutien à ce type de projet.
Madame Deprez Audebert, j'ignore si j'ai réenchanté l'industrie, mais grâce au travail du Gouvernement, elle est revenue au centre du débat et s'est imposée à tous comme un sujet prioritaire. Les métiers industriels, en revanche, manquent d'attractivité auprès de la population française. Il ressort d'une étude que nous avons lancée au niveau du ministère de l'économie quce ces métiers renvoient à des références telles que Germinal ou à des idées reçues sur des conditions de travail épouvantables ou de très faibles rémunérations, alors que, dans le territoire des Hauts-de-France et selon la chambre de commerce et d'industrie (CCI), le niveau de rémunération des emplois industriels est de 25 % supérieur à celui de l'ensemble des autres secteurs confondus. L'étude a également révélé tout un questionnement sur l'avenir de l'industrie et sur sa place dans la transition écologique et énergétique du fait de son caractère polluant. Certes, on trouvera toujours des sites industriels avec des conditions de travail et des rémunérations indignes mais, dans 90 % des cas, la réalité ne correspond pas à ces préjugés, ces clichés. Toutefois, après la suppression d'un million d'emplois et trente ans de capitulation industrielle, on ne peut pas être surpris du regard suspicieux que les Français portent sur les emplois industriels. Ils ont vu beaucoup de sites fermer autour d'eux, ils ont vu leur père, leur grand-père, leur tante ou leur oncle perdre leur emploi sans perspective de rebond. C'est à nous d'œuvrer pour changer ce regard et continuer à développer l'industrie.
Je vous remercie de votre témoignage sur le difficile dossier Bridgestone. Même le président de l'agglomération, qu'on ne peut pas soupçonner de me soutenir politiquement, a reconnu que « Choc industriel » avait permis d'impulser une dynamique sur le territoire, de révéler un potentiel industriel insuffisamment mesuré et de créer une dynamique très favorable dans laquelle les projets appellent les projets. Grâce au dispositif, plus de la moitié des personnels sont reclassés dans des emplois durables ; des projets industriels diffus représentant plus de deux cents emplois se montent autour du site de Bridgestone et des projets se sont concrétisés sur le site même. Le projet de rechapage de Black Star va créer quelques dizaines d'emplois d'ici à la fin de l'année, mais en cible deux cents. D'autres projets sont en train d'être signés, dont le potentiel est de l'ordre de cin cents emplois, si bien qu'entre cette partie-là et la partie diffuse, nous devrions atteindre les six cents ou sept cents emplois, voire rattraper les huit cents emplois perdus.
Nous avons relancé « Choc industriel » sur dix nouveaux sites fragiles qui risquent de connaître des transformations majeures pour certaines entreprises – Denis Sommer a mentionné ce qui s'est passé récemment dans l'automobile. La stratégie est d'accélérer la création d'emplois pour équilibrer la perte possible d'emplois industriels que nous ne pourrions éviter. Le Président de la République a, par exemple, annoncé l'extension du dispositif « Choc industriel » de Béthune aux agglomérations de Lens-Liévin et Hénin-Carvin. Ces périmètres n'avaient pas été pris en compte initialement, ce qui témoigne de la difficulté récurrente à faire travailler tout le monde en équipe. Je pense que la réussite de Bridgestone aidera à donner de l'énergie à ce projet.
S'agissant des délocalisations, Madame Battistel, il faut prendre en compte le temps de référence. Pour les quarante dernières années, le diagnostic est connu, partagé et bien documenté. Sur les trois ou quatre dernières années, en revanche, la situation n'est pas tout à fait la même. Différents travaux économétriques – l'étude de la CCI des Hauts-de-France d'août 2021, les travaux de plusieurs économistes industriels et ceux de la Banque publique d'investissement – montrent, sur le terrain, qu'un rééquilibrage entre projets de délocalisation et projets de relocalisation est en cours, avec peut-être même davantage de projets de relocalisation. L'élément le plus concret, qui permet de le mesurer le plus facilement, est que davantage d'usines sont construites que fermées.
La formation a été très fermement prise en main par ce gouvernement. La réforme de l'apprentissage et de l'alternance a été déterminante pour l'accès des jeunes à l'industrie. Une culture « pro-apprentissage » est en train de naître dans ce secteur, qui utilisait beaucoup moins ce levier que l'artisanat, entièrement construit sur ce modèle. Le ministre Blanquer a investi dans les campus d'excellence professionnelle, en aval de la troisième, en mettant de vrais moyens, avec des plateaux techniques permettant d'attirer des jeunes vers ces métiers. Il reste un gros travail à faire pour qu'on en parle dans le cadre des heures d'orientation recommandées en quatrième et troisième, bien avant la seconde. Car autant un jeune croise dans sa vie de tous les jours une boulangère, un boucher, un charcutier, un policier, une infirmière ou un médecin, autant il est rare qu'il rencontre un industriel. Il est également rare qu'il ait une représentation des métiers de l'industrie, si ce n'est au travers du journal de vingt heures qui va plutôt parler des usines qui ferment que des usines qui produisent. Nous avons donc la responsabilité collective de montrer ces métiers, qui sont très mal connus, tant au regard de la diversité des fonctions, d'ouvrier qualifié à ingénieur, que des conditions de travail et de rémunération. Qui sait qu'un soudeur de qualité est payé plus de trois mille euros par mois, alors que le salaire médian en France s'établit à 1 700 euros ? Voilà le discours qu'il nous faut faire passer dans la population et qu'il faut soutenir par l'appareil de formation adéquat.
Photowatt est également un dossier suivi de très près. Il est assez complexe, mais il est inscrit sur lafeui lle de route des travaux en cours pour la filière photovoltaïque.
Merci, Madame Petel, de souligner l'intérêt des sites « Clés en main ». Ils sont issus d'une excellente idée du député Guillaume Kasbarian. La recherche de terrain, on le sait, est un véritable parcours du combattant pour les porteurs de projets de nouveaux sites industriels. Évaluer la viabilité, consulter le plan de prévention des risques, le plan local d'urbanisme, faire les diagnostics environnementaux, tout cela leur prend beaucoup de temps managérial. L'idée est de le faire nous-mêmes pour leur faciliter la vie. Cela ne change rien au droit environnemental ni au droit de l'urbanisme, simplement nous prenons la complexité sous notre bonnet. Cela fonctionne très bien et a attiré beaucoup de projets à Choose France, mais je souhaite aussi que les investisseurs français s'en emparent. Nous entendons faire vivre ce dispositif au travers d'un appel à projets permanent, en assurant la qualité de ces sites : ils doivent être réellement « clés en main ».
Ces sites ne relèvent pas d'une décision politique, ce qui est parfois à l'origine de frustrations chez les élus. Un terrain situé en zone humide ne peut pas être « clés en main » parce qu'on sait que cela aura des conséquences sur le traitement du dossier du point de vue environnemental. Seuls les sites susceptibles d'être rapidement mis à disposition sont concernés. Ils offrent également une bonne réponse au regard de la démarche « zéro artificialisation nette », parce qu'ils sont déjà artificialisés.
S'agissant de la simplification, je ne rappelle pas les quatre lois successives que vous avez votées en ce sens. Il faut continuer. Du côté de l'administration, le secrétariat général du Gouvernement, par exemple, devrait décider d'une seule doctrine administrative qui soit plutôt favorable au développement de l'activité et de l'emploi. Les entreprises se plaignent souvent de ce que différentes administrations locales ne lisent pas les textes de la même manière. Il faut donc se plier à l'exercice de clarification de leur lecture et de leur application par les fonctionnaires, qui gagneront du temps grâce à une doctrine claire. Au niveau législatif, nous travaillons sur l'ordonnance prévue dans la loi « Climat et résilience », concernant les mesures de facilitation d'installation de sites industriels dans des zones artificialisées ; elle sera prête dans les prochaines semaines, si tout va bien. Nous avons aussi un travail à mener au niveau supralégal, vis-à-vis de l'administration.
Dans les territoires ruraux, le plan « France très haut débit » a contribué à améliorer l'attractivité pour l'installation d'activités industrielles. D'ailleurs, les « Territoires d'industrie » sont inscrits comme prioritaires dans le cahier des charges de la 5G, précisément pour que ces zones où se concentrent des emplois industriels ne risquent pas d'être oubliées dans le déploiement de cette technologie du fait de leur localisation rurale.
Madame Blanc, j'ai longuement parlé de l'amélioration de la place des femmes dans l'industrie devant la délégation aux droits des femmes. Un comité pour la mixité dans l'industrie, réunissant, sous la présidence de Sylvie Leyre, des patrons de l'Union des industries et métiers de la métallurgie, des responsables d'entreprises et d'anciens ou actuels directeurs des ressources humaines de grands groupes, a précisément pour objet de conjuguer compétitivité et élargissement du vivier à des profils féminins. Ce comité a notamment soutenu le congé paternité et la présence d'un pourcentage de femmes dans les comités exécutifs. Il est également à l'origine d'un travail sur la charte sur les jouets et de campagnes de publicité valorisant les métiers de l'industrie à l'adresse notamment des jeunes femmes et jeunes filles. Par ailleurs, tout un train de propositions a vocation à accompagner les jeunes filles pendant leur scolarité – pour changer leur regard sur l'industrie et les autoriser à aller vers ces métiers – puis au moment de l'orientation et du choix des études. Dans le monde du travail, il s'agit d'inciter les entreprises à se donner des règles – ou de leur en imposer, si elles ne vont pas assez vite – pour faire en sorte que les parcours féminins soient plus fluides et puissent être orientés tant vers les fonctions opérationnelles que vers les fonctions de recherche et développement ou de direction. Ce n'est pas propre à l'industrie, mais c'est important et c'est un enjeu de compétitivité.
Madame Tiegna, l'impact économique du CIR est mesuré notamment dans l'attractivité. Cela fait partie des points qui nous remontent comme étant absolument indispensables et qui sont pris en compte par les investisseurs étrangers pour étendre ou installer des sites en France. L'emploi industriel français dépendant d'investisseurs étrangers représente plus de 15 % des actifs français. C'est gigantesque et, dans l'industrie, cette réalité est encore plus prégnante. Selon l'étude de la CCI des Hauts-de-France, 40 % des emplois industriels dépendent d'investisseurs étrangers – c'est dire si les propos qui exhortent à la fermeture des frontières et autres amusements sont totalement déconnectés de la réalité. Oui, le CIR est très important, notamment pour les salaires : supérieurs à 2,5 fois le SMIC, ils ne bénéficient pas de la baisse des charges sociales et se comparent donc défavorablement en termes de coût du travail à ceux de nos compétiteurs allemands, britanniques, italiens ou espagnols, quand bien même le chercheur lui-même n'est pas mieux payé. Le CIR permet de rééquilibrer cette donne et c'est pourquoi il est important pour toutes les entreprises, sachant que les petites entreprises doivent pouvoir y avoir accès sans complexité administrative excessive. C'est un point à améliorer, au moins en leur donnant la sécurité juridique, alors que les grandes entreprises peuvent accomplir ce travail toutes seules.
Madame Bessot Ballot, je diffère ma réponse à plus tard parce que je ne connais pas le problème des moissonneuses-batteuses spécifiques au chanvre.
Monsieur Sommer, je suis totalement d'accord avec votre diagnostic. Le plan de relance a permis d'accompagner plus de 500 entreprises de la sous-traitance automobile dans une démarche de diversification et de modernisation. Nous irons plus loin avec « France 2030 ». Nous avons lancé un appel à projets de trois cents millions d'euros auquel ces entreprises peuvent avoir accès. Beaucoup de leurs dirigeants se sentent emprisonnés dans le secteur automobile et sont donc un peu démunis lorsqu'on leur parle de diversification. Au travers des « Accélérateurs BPI », des diagnostics numériques et des « Diagnostics Rebonds », ils pourront trouver tout un accompagnement pour envisager des projets de diversification. Ce n'est pas forcément ce qui coûte le plus cher, mais cela peut rapporter.
Monsieur Cinieri, Aubert & Duval est une filiale d'Eramet, qui est en train de négocier une opération de rachat avec un consortium comprenant exclusivement des acteurs français. Nous sommes donc dans un cadre qui me paraît relativement protecteur pour une entreprise tout à fait stratégique, en raison de son savoir-faire dans certains alliages.
Madame Vignon, quatorze projets d'école de production ont déjà été soutenus en 2020 et 2021, au travers de « Territoires d'industrie ». Depuis la validation des soutiens, quatorze écoles ou nouvelles sections ont ouvert leurs portes ; notre objectif est de doubler le nombre d'écoles d'ici à 2023 pour finalement le porter à cent, à raison d'une par département, à l'horizon 2028. C'est un sujet que j'ai évidemment évoqué avec mon collègue Jean-Michel Blanquer.
Madame Brulebois, sur la question des masques français, comme je l'ai rapidement dit à M. Ruffin, nous avons, avec Olivier Véran, rédigé une circulaire expliquant aux acheteurs publics comment inclure des clauses environnementales et, éventuellement, des clauses sociales dans les appels d'offres, de manière à privilégier l'achat français ou européen. Il n'y a rien là de nouveau, c'est déjà permis par le code des marchés publics et nous avons juste cherché à sécuriser les acheteurs. Nous-mêmes l'avons fait et toutes les collectivités locales peuvent le faire, certes en respectant certaines règles, mais c'est loin d'être impossible. Olivier Véran a également signé une instruction aux établissements de santé en ce sens, pour tout ce qui concerne les équipements de protection individuelle et les produits de santé.
Merci de souligner l'investissement que vient d'annoncer l'entreprise Solvay à Tavaux. Cela va au-delà de ce que nous avons annoncé à Choose France. Ce site absolument majeur va devenir la première plateforme de production de PVDF, avec 65 % de parts de marché européennes – ce n'est pas rien !