La position de la section Force Ouvrière est la même depuis 2006, année de la première mise en vente de STX France par Alstom : nous appelons à la nationalisation de l'entreprise, qu'elle soit temporaire ou transitoire.
Nous considérons que STX est une entreprise stratégique pour la France, qui dispose de plus de 5 000 kilomètres de côtes, et dont la surface maritime la classe au deuxième rang mondial après les États-Unis. Il nous paraîtrait donc paradoxal qu'un pays comme le nôtre ne soit pas à même de conserver dans son patrimoine un tel établissement.
Cela serait d'autant plus curieux que nous savons qu'à terme il faudra remplacer le Charles de Gaulle et le seul chantier capable de le construire appartient à STX, même s'il ne s'agit pas de produire uniquement du matériel militaire.
Si l'État n'a pas vocation à être directement un industriel, nous avons toutefois constaté que, lorsqu'il était actionnaire, fût-ce minoritaire, de STX, c'est grâce à lui que toutes les commandes ont été obtenues : l'État a joué un rôle déterminant, bien plus que STX, pourtant actionnaire majoritaire. Voilà pourquoi nous revendiquons cette nationalisation, fût-elle temporaire ou transitoire.
Lors du dernier comité d'entreprise, FO a donné un avis positif à la prise en main de la direction de STX par l'État, mais un avis négatif à l'entrée de Fincantieri dans le capital : comme nous l'expliquons depuis un certain nombre d'années, cette entreprise est positionnée sur le même type de marchés que nous : le secteur militaire, les paquebots et énergies maritimes renouvelables. Elle est d'ailleurs plus avancée que nous dans certains domaines. Il y a donc tout lieu d'être inquiet pour les salariés de STX, mais aussi des entreprises sous-traitantes, car Fincantieri emploie dans ses sites de la main-d'oeuvre détachée à très bas coût : on peut craindre que ces ouvriers ne soient transférés sur le chantier de Saint-Nazaire. Par ailleurs, même si le pacte d'actionnaires comporte des garanties concernant l'emploi, Fincantieri étant positionné sur les mêmes types de contrats que nous, il y aura fatalement des postes en doublons.
Il y a également tout lieu de s'inquiéter des possibles transferts de technologie, sachant que Fincantieri a signé un accord dans ce sens avec le chinois CSSC (China State Shipbuilding Corporation). L'an dernier, lors de notre première rencontre, Fincantieri nous avait assuré qu'il ne s'agissait là que d'un transfert mineur, de plans donnés « à la va-vite ». Mais six mois après, Fincantieri a passé commande de deux paquebots à CSSC ! Je rappelle que nous avons connu la même mésaventure il y a plus de dix ans avec construction des méthaniers. Depuis que nous avons aidé les Chinois à en faire, nous n'avons plus jamais construit un méthanier sur le site de Saint-Nazaire…
L'entrée de Naval Group dans le montage financier nous inquiète également. Nous avons déjà travaillé avec cette entreprise par le passé, mais elle est aussi notre concurrente pour certains types de projets. Dernièrement nous avons obtenu une commande pour le maintien en condition opérationnelle (MCO) de frégates ; Naval Group était également en lice, derrière d'autres candidats mieux positionnés. Reste qu'on a bien vu que la décision finale n'avait pas satisfait tout le monde… Dans la mesure où Naval Group travaille déjà avec Fincantieri dans ce domaine, nous craignons de ne plus avoir de commande militaire sur le site de Saint-Nazaire. Or il faut savoir que c'est le seul type de contrat qui nous permette de dégager de la marge ; et qui dit marge dit possibilité de mener une politique salariale répondant aux attentes des salariés.
À travers le pacte d'actionnaires, l'État a certes obtenu des garanties, mais ce sont les mêmes que celles qui avaient été négociées lors de la vente de la branche « Énergie »' d'Alstom à General Electric (GE) ou, à présent, d'Alstom Transport à Siemens. Dans les deux cas, le Gouvernement a assuré avoir obtenu des garanties sur l'emploi et le maintien des sites. Cela n'a pas empêché pour autant GE d'annoncer la suppression de 6 500 emplois en Europe, dont 765 en France, au mépris des engagements pris dans l'accord signé en 2014…
La même garantie avait été donnée à Alcatel-Lucent, vendue en avril 2015 au finlandais Nokia : celui-ci a annoncé en septembre dernier 597 suppressions d'emploi qui viennent s'ajouter aux 394 suppressions de postes de l'année 2016…
De son côté, Siemens vient d'annoncer 6 900 suppressions d'emplois, en Allemagne certes, mais on peut aisément imaginer que quelques-unes finiront par se produire en France… Vraiment, les garanties n'engagent que ceux qui veulent y croire ! Pour Force Ouvrière, cela ne sera jamais suffisant pour sauvegarder le site de Saint-Nazaire et les emplois qu'il génère, qu'ils soient directs ou indirects.