Si nous défendons la nationalisation de STX, c'est que, outre le fait qu'ils ont un peu facilement tendance à licencier, les industriels français du secteur privé n'étaient visiblement pas tentés de se présenter. L'activité de Saint-Nazaire présente un intérêt pour l'État en termes d'emplois, mais aussi pour ses retombées dans les caisses publiques, estimées à 400 millions d'euros. Il n'en sera évidemment pas de même avec un repreneur qui décide de licencier, en dépit d'un pacte d'actionnaires jugé « protecteur » des emplois : mieux vaut avoir 2 700 salariés STX en train de travailler qu'un effectif réduit par un actionnaire déterminé à dégraisser.
Il faut être précis au sujet de la nationalisation que nous revendiquons : elle peut être temporaire ou transitoire, et ne consister qu'en une prise de participation de l'État de 51 % ; en tout état de cause, ce que nous souhaitons, c'est que l'État reste l'actionnaire majoritaire.
Du fait de la taille de notre cale, sans oublier celle de notre portique, le plus grand d'Europe, notre entreprise est incontestablement stratégique. Nous sommes en concurrence avec les deux autres grands constructeurs européens, Fincantieri et Meyer Werft, mais seul le site de Saint-Nazaire est capable de construire un nouveau porte-avions ; il serait paradoxal qu'un pays comme le nôtre soit obligé d'aller le fabriquer ailleurs que chez lui… Les Allemands font autrement plus d'efforts pour conserver leurs chantiers navals alors qu'ils ont dix fois moins de kilomètres de côtes que nous et une surface maritime infiniment moindre.
Permettez-moi de finir par un exemple. Lorsque STX est devenu notre actionnaire majoritaire, la situation sur le site de Saint-Nazaire était assez tendue, et il en était de même sur celui de Turku en Finlande, également détenu par STX. En 2016, lorsqu'est arrivée la commande du Harmony of the Seas passée par l'armateur Royal Caribbean Cruises (RCCL), notre actionnaire majoritaire STX n'a rien trouvé de mieux que de mettre en concurrence ses sites de Turku et Saint-Nazaire, avec menace de licenciements secs pour le perdant ! Ce n'est clairement pas ce genre d'attitude que nous attendons de la part d'un actionnaire majoritaire ; c'est pourtant ce que nous pourrions craindre de la part de Fincantieri.