Intervention de Christophe Morel

Réunion du jeudi 30 novembre 2017 à 10h30
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Christophe Morel, élu titulaire au comité d'entreprise (CE), représentant du CE au conseil d'administration, délégué syndical CFDT :

S'agissant des perspectives pour Fincantieri, il est indéniable que M. Bono, le président-directeur général de ce groupe, rêve depuis de nombreuses années de mettre la main sur Saint-Nazaire pour construire un futur champion de la construction navale. Nous verrons qui tirera le mieux son épingle du jeu au sein du groupe : nous avons déjà été mis en concurrence, dans le passé, avec nos collègues finlandais au sein du groupe STX …

Et ça, c'est pour le civil ; dans le domaine militaire, nous savons qu'il existe un projet de participations croisées, dit « Projet Magellan », entre Fincantieri et Naval Group. Même si cela ne concerne que de quelques pourcents, il s'agit peut-être des prémices d'une reconfiguration.

Cela étant, ce rachat pourrait nous remettre en position de force face à nos clients : ces dernières années, nous avons tiré la langue parce que c'étaient eux qui tenaient le manche. Quatre grands fabricants de paquebots se sont livrés une concurrence effrénée dans un contexte de baisse de commandes. Les armateurs ont passé le cap en continuant à réaliser des marges qu'ils ont depuis un peu écrasées, les ramenant de 20 % ou 25 % à 10 %. Sans ces commandes, il est clair que nous serions morts. C'est la raison pour laquelle nous avons pris celle de l'Oasis 3 dans des conditions un peu difficiles pour notre chantier, et nous le payons encore aujourd'hui.

Il est évident que nos clients ne sont pas très contents : ils auraient préféré être aux commandes de l'entreprise avec le groupe Damen Shipyards. Il faudra qu'ils revoient peut-être le prix de leurs navires et qu'ils acceptent de réduire un peu leurs marges.

Pour répondre à votre question sur la structuration de la filière, je soulignerai d'abord que notre organisation syndicale elle-même s'est structurée en filières : construction navale, construction automobile, construction ferroviaire, énergies marines renouvelables, etc. L'important est de mettre autour de la table tous les acteurs concernés. Pour cela, il faut que l'État donne des pouvoirs et des moyens au comité stratégique de filière Naval, qui pour l'heure manque de moyens et ne regroupe pas assez de monde. Le but n'est pas de créer un énième « comité Théodule », ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre.

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