Intervention de Didier Guillaume

Réunion du jeudi 9 janvier 2020 à 14h30
Mission d'information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate

Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation :

Votre idée de plateforme d'enregistrement est pertinente ; mais nous y avons réfléchi et nous n'y croyons pas aujourd'hui. Il faudrait un nouveau dispositif normatif pour qu'un agriculteur déclare instantanément. Or, nous leur en demandons déjà beaucoup. Votre mission, formidable par la largeur et la durée de son travail, peut étudier les conditions de sa mise en place pour qu'il soit vraiment accepté.

Au niveau européen, globalement, les derniers pays entrants sont les moins pressés de renoncer au glyphosate. L'année 2023 sera une année charnière. Si nous voulons que tous les pays de l'Europe interdisent le glyphosate en 2023, nous devons être capables de démontrer que cela fonctionne grâce à nos agriculteurs qui seraient pilotes du mouvement. Je suis favorable à cette interdiction, mais à condition qu'il y existe des alternatives et qu'on ne remplace pas le glyphosate par une nouvelle molécule chimique. Lors de l'examen de la loi Egalim, je m'étais opposé en tant que sénateur à l'inscription dans la loi de l'interdiction du glyphosate parce que je pensais que ce n'était pas possible. 2023 sera cruciale si nous avançons, grâce aux efforts de la recherche scientifique, avec une première sortie au 1er janvier 2021, conformément aux engagements présidentiels, qui ne laisse aucune filière sans alternative.

Monsieur Fugit, c'est la bonne volonté qui compte. J'essaie de faire en sorte que les filières avancent vite. Régulièrement, je les réunis toutes pour en discuter, ensemble ou séparément. Nous faisons des suivis de contrats de filières tous les trois ou quatre mois en regardant ce qui avance et ce qui n'avance pas. Ces États généraux – je peux en parler librement car je n'étais pas encore ministre - ont changé totalement la façon d'appréhender l'agriculture française et européenne. Le président de la République aura marqué la transition de notre agriculture et vous l'aurez accompagnée. Ces plans de filières sont très bien écrits et leurs objectifs sont clairs. Maintenant, il faut mettre tout le monde en mouvement. Certains agriculteurs s'inquiètent et n'y croient pas ; d'autres aimeraient que nous leur disions comment faire. La formation et l'action des chambres d'agriculture sont donc cruciales.

Nous constatons des avancées. L'année dernière, au congrès de l'association générale des producteurs de blé (AGPB) dans la région parisienne, ils m'ont annoncé passer en HVE 2 et s'appeler « les Nouveaux Céréaliers ». Au congrès de l'association générale des producteurs de maïs (AGPM) dans le Sud il y a un mois ou deux, ils m'ont également dit passer en HVE 2 et vouloir mettre 10 000 exploitations en HVE 2-HVE 3. À un moment, cela se traduira dans les achats et les ventes de glyphosate. La mise en œuvre de la séparation du conseil et de la vente ira aussi dans le bon sens. La volonté et la mise en œuvre des plans de filière font progresser le monde agricole. Mais si cela ne suffit pas, nous prendrons évidemment des mesures réglementaires. Déjà nous écartons progressivement les substances les plus préoccupantes, notamment les CMR 1, mais pas uniquement. En 2018-2019 38 substances ont été interdites au niveau de l'Union européenne et au niveau national. Nous poursuivrons cet effort et, dans les prochains mois, d'autres substances seront interdites par l'ANSES. Nous agissons sur les deux leviers. Le mouvement est lancé. Maintenant, il ne s'arrêtera plus.

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