Intervention de élisabeth Borne

Réunion du mercredi 29 janvier 2020 à 16h45
Mission d'information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate

élisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire :

Je ne me prononcerai pas sur la validité des tests urinaires : c'est la mission de l'ANSES. On lui demande d'évaluer la dangerosité des produits phytosanitaires ; cela implique qu'elle détermine la bonne façon de mesurer leur impact sur les populations.

Nous avons eu le même genre de réflexion à la suite de l'accident de Lubrizol, qui présente un autre type de risque. Lorsque l'on réalise des tests, il est primordial de disposer de valeurs de référence. Il revient aux agences scientifiques sur lesquelles nous nous appuyons de progresser sur ces questions. Nous devons donc attendre l'évaluation scientifique de l'ANSES, prévue en 2021.

Monsieur le président, je ne suis pas capable de vous dire quel usage la République tchèque fait du glyphosate. Il serait bon que la task force vérifie ce point. Comme je le dis systématiquement à mes services – et je saisis cette occasion pour le leur répéter – il est important d'examiner les bonnes pratiques de nos voisins plutôt que de réinventer des dispositifs.

Nous vivons désormais dans une Europe à 27 et nous partageons un cadre commun dont le rôle est essentiel, notamment pour les questions dont je m'occupe. Si nous nous inspirions de toutes les bonnes pratiques des États membres, nous avancerions certainement plus vite. Nous signalerons donc à la task force, si elle ne l'a pas déjà en tête, l'intérêt de regarder ce qui se passe en République tchèque.

Je suis très sensible à la nécessité de donner des moyens à l'ANSES et, de façon générale, aux structures d'appui scientifique et technique. Mon ministère en a absolument besoin car cette expertise nous aidera à faire les bons choix. Vous pouvez donc compter sur moi pour veiller à ce que l'ANSES dispose des moyens nécessaires pour réaliser ses missions.

Au niveau européen, c'est l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA, pour European Food Safety Autorithy ) qui mène ces évaluations. On peut regretter que les rapports entre les différentes agences amenées à travailler sur les mêmes sujets ne soient pas toujours très harmonieux.

Le ministère de la transition écologique et solidaire n'a pas été associé à la réforme des lycées agricoles, mais les discussions intenses que nous menons avec les représentants du ministère de l'agriculture et de l'alimentation les ont peut-être conduits à intégrer spontanément nos préoccupations dans les travaux qu'ils mènent.

De la même façon, s'agissant des contrats de filières, je répète que le ministère de la transition écologique et solidaire est disponible pour travailler avec le ministère de l'agriculture et de l'alimentation. Je suis convaincue que c'est par l'aval et au moyen des contrats de filières que nous pourrons développer des pratiques plus respectueuses de l'environnement dans le secteur agricole. Il est très important que ce travail soit mené à l'échelle des filières. Mon ministère est tout à fait disposé à y participer.

Monsieur Martin, je partage votre avis sur l'intérêt de l'agriculture de conservation des sols, notamment pour la capture du carbone. C'est l'un des dossiers les plus délicats techniquement, de ceux qui pourront faire l'objet d'un report jusqu'en 2023. Des moyens sont mobilisés dans le cadre du programme Écophyto – je les trouve substantiels, mais ce n'est pas l'avis de tous – pour examiner des solutions de remplacement qui pourront mises au point, mais sans doute pas d'ici au 1er janvier prochain.

J'aurai l'occasion de visiter des exploitations qui ont adopté cette démarche la semaine prochaine. Je me suis entretenue avec des représentants des Jeunes agriculteurs à ce sujet. De telles expérimentations donnent une très belle image de l'agriculture : on y voit des jeunes travailler, notamment, sur des plantes dont le système de racines permet de fracturer les sols pour y assurer un meilleur stockage de l'eau. Il y a un vrai savoir-faire, une véritable expertise dans ces métiers. Cette technicité compte beaucoup, y compris pour attirer des jeunes vers ces filières et parvenir à des pratiques durables, telles que l'agriculture de conservation des sols.

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