Merci à chacun d'entre vous pour cette très riche contribution à notre réflexion, qui nous montre tout ce qui nous reste à clarifier.
Vous avez parlé de la colère, madame Salvaing. Dans Colère et temps, le philosophe Peter Sloterdijk estimait, il y a une quinzaine d'années, que les partis politiques avaient une fonction de « banques de la colère », transformant la colère populaire en propositions constructives. Une partie de l'abstention pourrait-elle s'expliquer par l'expression de cette colère par d'autres voies que les partis politiques ?
Ma deuxième question porte sur le rôle des instituts de sondage et sur leurs méthodes. Premièrement, avez-vous mesuré l'influence de la publication des sondages sur la participation ?
Deuxièmement, vous avez cité Pierre Rosanvallon, qui estime qu'il est nécessaire d'étudier des « récits » afin d'appréhender la dimension sensible de ce qui détermine le vote ou l'adhésion. Où en est votre réflexion méthodologique ? En vous écoutant, on comprend que, comme tout est très instable, on ne peut plus faire de prévisions, on est condamné à la prospective. Testez-vous de nouvelles méthodes pour analyser l'opinion ? Dans ma circonscription, par exemple, on a organisé des escape games sur le vote obligatoire en simulant des débats, suivis de debriefs pour obtenir des éléments qualitatifs, des ressentis. On passe par de la mise en situation, par un partage d'expériences avec les personnes interrogées pour essayer de comprendre comment ça fonctionne. Développez-vous des méthodes de ce type ?