Il est certain que votre métier va devenir de plus en plus compliqué dans les prochaines années ! Vous évoquiez tout à l'heure un événement qui surviendrait quarante-huit heures avant un scrutin et viendrait invalider la totalité des prévisions ; j'ai pour ma part le souvenir de l'élection présidentielle de 2002, où le monsieur qui s'est fait dépouiller et dont la maison a été brûlée quarante-huit heures avant le premier tour a sans doute influencé le résultat du scrutin… Avec les réseaux sociaux et les chaînes d'actualité, le phénomène ne va que s'amplifier.
Vous constatez une diminution de la participation aux différents scrutins depuis une vingtaine d'années. Lorsqu'il était Premier ministre, Lionel Jospin a pris la décision que l'inscription des jeunes de 18 ans sur les listes électorales serait désormais automatique, et non plus volontaire. Cela a pu conduire à inscrire sur les listes électorales des jeunes qui n'avaient pas forcément envie voter. Avez-vous tenté de mesurer les conséquences de cette mesure, du point de vue de la participation électorale ?
En quoi la campagne électorale, avec les professions de foi, les spots, les tracts, peut-elle avoir une influence sur la participation ? Lors des dernières départementales, j'ai fait, comme j'en ai l'habitude, une campagne très active, en envoyant par exemple un courrier personnalisé à tous les jeunes du canton âgés de 18 à 25 ans : cela a permis d'avoir une participation de 2 ou 3 points supérieure à la moyenne départementale, mais pas plus.
Vous estimez qu'il ne faut pas s'inquiéter outre mesure des résultats des élections départementales et régionales, l'épidémie de covid-19, la proximité de l'été, la non-distribution des documents électoraux et les changements de bureaux de vote du fait de la situation sanitaire ayant pu troubler l'électorat. Or il y avait un scrutin proportionnel : aux régionales, dès lors qu'une liste faisait plus de 5 %, chaque voix était comptabilisée. Pourtant, les électeurs ne se sont pas déplacés davantage.