On voit, dans les enquêtes sur les élections des dernières années, que les jeunes s'abstiennent de plus en plus, mais surtout en comparaison des plus de 65-70 ans : la conception du vote comme devoir reste très forte dans ces générations âgées alors qu'elle n'existe pas du tout chez les jeunes générations, ce qui doit d'ailleurs retenir l'attention. Mais je répète que l'abstention touche toutes les catégories. Si elle est moindre chez les cadres, on constate, encore une fois avec toutes les limites des enquêtes, que l'écart entre cadres et ouvriers s'est plutôt atténué ces dernières années en matière de participation. On ne peut plus dire que les cadres votent très majoritairement.
S'agissant du vote caché et de la manipulation à laquelle se livreraient certains sondés, cela doit bien sûr exister, mais de façon plus que marginale : ce n'est pas cela qui peut fausser les intentions de vote. Croyez-nous, les sondages des instituts ne sont pas manipulés. Pour ma part, au moins trois fois par an, un client, qui peut être un député d'ailleurs, m'assure que les sondages de Jean-Daniel Lévy sont totalement manipulés, et il fait partie de mon travail de lui expliquer que non ! Et je suis sûr que mes collègues ici font la même chose pour les sondages IPSOS. Nous sommes des entreprises privées, nous n'y avons aucun intérêt.
Certes, il y a des imperfections, mais, comme le relevait Adélaïde Zulfikarpasic, que se passerait-il s'il n'y avait pas de sondage ? Dans l'exemple de la montée de Jean-Luc Mélenchon face à Benoît Hamon, sans sondage pour en faire état, je peux vous dire que les commentaires des politiques, des candidats et des médias auraient été bien différents. Mieux vaut avoir des sondages d'opinion certes perfectibles mais bien réalisés, ce qui est le cas en France parce qu'il y a une vraie tradition et qu'ils sont très contrôlés, que pas d'enquête du tout.