Intervention de Gilles Babinet

Réunion du mercredi 8 septembre 2021 à 11h35
Mission d'information visant à identifier les ressorts de l'abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale

Gilles Babinet, coprésident du Conseil national du numérique :

Monsieur le rapporteur, au risque de me répéter, je considère que le numérique n'est pas une fin en soi. Vous visez deux objectifs : assurer une élection sûre et sincère, et faciliter l'engagement des citoyens. Je suis très sensible à ces deux objectifs. S'agissant du premier, je répète que, en l'état de l'art, les risques sont bien supérieurs aux bénéfices. Je vous conjure donc de faire particulièrement attention. Sans être un expert des questions de sécurité, je me fonde sur ce que j'observe : je pense notamment à l'affaire Pegasus ainsi qu'à l'avis de l'ANSSI.

Au sujet de l'évolution technique de ces enjeux, plusieurs problèmes se posent. Il faut faciliter l'identification des citoyens. Rappelons que la France a pris un retard important dans la mise en œuvre de l'identité numérique, ce qui est dommage, car elle facilite l'engagement. En améliorant la relation du citoyen à l'administration, elle ôte la frustration chronique inhérente à ce type d'interface, ce qui augmente potentiellement la capacité d'engagement. Plus généralement, elle permet de créer de nouvelles formes d'interactions, notamment participatives, dont les vertus sont à mon sens particulièrement importantes.

Les notions d'engagement et de transversalité me semblent tout à fait centrales. La loi pour une République numérique, présentée par Axelle Lemaire lorsqu'elle était secrétaire d'État au numérique, est une expérience malheureusement restée isolée, mais qui a été un succès. Le texte est structurant. Il aborde – d'où son titre – des thèmes très généraux et des sujets très différents les uns des autres, qui, au fil du temps, se sont avérés être de bons sujets. La plupart ont été introduits par les citoyens. Un important travail, de nature différente de celle des travaux que vous menez en général, en est résulté. Le résultat est tout à fait pertinent.

C'est cela qui permet d'aller chercher les citoyens. Si vous créez des plateformes grâce auxquelles interviennent, non pas uniquement ceux qui habitent à Paris, mais tout un chacun, vous êtes vraiment au cœur des principes démocratiques de demain. Je pourrais continuer en évoquant ce que j'observe à Taïwan, où Audrey Tang, hier cyberactiviste, et aujourd'hui ministre du numérique, joue un rôle d'avant-garde dans la conception même des processus institutionnels démocratiques, mais je laisse la place aux questions.

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