Intervention de Gérard Grunberg

Réunion du mercredi 15 septembre 2021 à 14h35
Mission d'information visant à identifier les ressorts de l'abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale

Gérard Grunberg, directeur de la publication de Télos :

. Je ne pense pas que l'on trouvera des moyens extraordinaires d'augmenter la participation. Nous pouvons faire en sorte de l'augmenter un peu. Mais beaucoup, je ne suis pas sûr, car de nombreux facteurs sont soit anthropologiques ou sociologiques, soit des facteurs d'évolution du système politique.

Il n'y a pas de doute sur le fait qu'il existe un problème de relation du citoyen au système. Un sondage sur le sentiment de communauté a montré que près de la moitié des Français ne considèrent pas qu'ils n'appartiennent à une communauté quelconque, y compris nationale, et 20 % seulement considèrent appartenir à une communauté nationale. J'étais stupéfait par ces résultats. Les gens ont moins de sens civique parce qu'ils appartiennent moins à la cité.

Dans la dernière vague d'abstention, il existe une différence spectaculaire entre les gens qui disent que le vote est un devoir et ceux qui disent que l'on peut voter quand on veut, entre les jeunes et les plus âgés. 88 % des gens de plus de 60 ans disent que le vote est un devoir, mais ils ne sont que 58 % parmi les moins de 35 ans. Il faudrait regarder si ce phénomène existe depuis longtemps.

Je crois qu'il ne faut pas trop dramatiser cette affaire. Le fait de dire « Je vais voter quand je trouve que c'est vraiment utile » ne représente pas une menace extraordinaire pour le système. Les Français ont compris que c'est l'élection présidentielle qui domine tout : ils vont voter à l'élection présidentielle. Quand ils ne voient pas à quoi sert une élection, ils ne vont pas voter.

Avant existait cette idée du devoir, qui est moins forte aujourd'hui. Cette idée de devoir électoral est très variable selon la proximité partisane des individus, ce qui va avec l'idée de l'explosion du système ancien. Les gens qui sont proches du PS et de LR sont ceux qui pensent – presque à 100 % – que voter est un devoir. Ceux qui sont proches d'un parti antisystème, comme La France insoumise ou le Rassemblement national, sont beaucoup moins nombreux à dire qu'il faut voter. Ces éléments politiques et socio-anthropologiques doivent être pris en compte.

Que peut-on faire quand même ? J'exprime là des opinions personnelles. Je suis fondamentalement contre le vote obligatoire. C'est la nouvelle génération qui ne veut pas voter. Si on lui dit qu'elle doit le faire et qu'elle aura une amende si elle ne le fait pas, j'attends de voir ce qui se passera dans le pays !

Je suis profondément hostile à l'idée de compter les votes blancs et nuls parmi les suffrages exprimés. Tout d'abord, ils sont comptés parmi les votants. Ensuite, le vote sert à désigner des dirigeants. Comment voulez-vous classer parmi les dirigeants qui sont élus, en deuxième ou troisième position, « M. Abstention » ? Cela n'a pas de sens. D'ailleurs, je ne crois pas que le fait de compter les votes blancs changerait beaucoup les choses.

Je suis favorable à tout ce qui peut faciliter le vote : vote par procuration, vote par correspondance, et autres possibilités. Récemment, un député LR proposait de donner deux votes aux personnes qui ont une maison de campagne, pour qu'ils puissent voter où qu'ils soient. Personnellement, je ne retiens pas cette proposition, mais il faut faire tout ce que l'on peut pour encourager le vote. Beaucoup de gens ne sont pas chez eux au moment du vote. Les gens bougent beaucoup plus que l'on ne croit, et il y a probablement quelque chose à faire là-dessus.

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