Intervention de Clémentine Autain

Réunion du mercredi 22 septembre 2021 à 14h35
Mission d'information visant à identifier les ressorts de l'abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

. J'ai le sentiment d'entendre quelque chose de relativement convergent indiquant qu'un simple changement de système de vote ne constituerait pas la solution principale. Nous demeurons face à un problème structurel qui s'intensifie élection après élection. Ce phénomène est préoccupant et appelle des ruptures. Je partage votre analyse : une partie de la solution repose effectivement sur le projet politique. Il demeure nécessaire de réenchanter l'acte électoral. Avec du recul, nous constatons que ce qui a fait rêver le monde pendant longtemps s'est écroulé. En Europe, l'idéal communiste s'est fracassé sur les expériences de type soviétique, tout comme la social-démocratie a montré ses impasses partout en Europe ces dernières décennies. Aujourd'hui, le rêve libéral se brise également. Les grands imaginaires porteurs de désirs, de transformations, de votes et donc de mobilisations politiques sont en panne. Les réponses politiques doivent être profondes ; chacune des familles politiques se trouve dans une impasse pour se fédérer autour d'un projet politique rassembleur.

Le deuxième problème me semble également d'ordre institutionnel. Vous nous dites tous que les personnes souhaitent voter pour un changement concret, d'où un vote supérieur aux élections municipales puisqu'il est possible d'identifier les actions d'un maire de manière concrète. Ne faut-il pas interroger une remise en cause en profondeur du modèle institutionnel globale qui est le nôtre ? Notre République est à bout de souffle. Elle génère une défiance à l'égard de la politique, des institutions et de leurs pendants : critique des médias, de la justice, des syndicats, tandis que le complotisme acquiert davantage d'envergure. En réalité, aujourd'hui, tous les espaces de médiations sont en faillite.

J'ai eu l'occasion de voir le film Boîte Noire. Il montre qu'un problème se pose également dans les entreprises où les cadres sont pris entre deux feux. Ils appliquent des décisions auxquelles ils n'ont pas participé. Ils constituent aussi des espaces de médiation intermédiaires porteurs du sentiment que la décision se prend ailleurs, dans des conseils d'administration notamment. Il me semble que la société tout entière est en panne à différents échelons pour tout ce qui relève de l'institution, ce qui va jusqu'à la critique des données scientifiques, comme nous l'avons constaté avec la crise sanitaire. Je souhaite ouvrir une brèche dans cette discussion afin d'engager un questionnement de notre système républicain. Sans un élan qui permettrait de rebattre les cartes, pouvons-nous nous en sortir ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.