Synopia est un think tank qui fait partie du mouvement « 25 avril ». Il travaille sur les questions de gouvernance. Nous sommes favorables à tous les outils qui pourraient résoudre le problème de l'abstention. Toutefois, nous considérons qu'il existe un problème de confiance entre les usagers et leurs représentants. L'une des premières causes identifiées à l'origine des taux d'abstention est le faible niveau d'identification des citoyens dans leurs représentants, alors même que le spectre de ces représentants n'a jamais été aussi large et divers (femmes, minorités dites visibles). Pourtant, la population n'a pas le sentiment d'être représentée, car ces représentants ne traitent pas en profondeur des problèmes rencontrés par les électeurs au quotidien, ceux que beaucoup nomment « les vrais sujets », « les vraies problématiques ». Pourquoi me déplacer pour voter si j'ai le sentiment que mon vote ne changera rien et ne comptera jamais ?
La deuxième cause de l'abstention tient à l'éparpillement du pouvoir politique. Pour l'instant, seule l'élection présidentielle trouve grâce aux yeux des Français. Le taux d'abstention pour ce type d'élection avoisine les 25 %, tandis que les dernières élections régionales et départementales ont atteint un record avec 65 % d'abstention. La crise sanitaire demeure un des facteurs de cette abstention. Toutefois, depuis 2002 déjà, il existe une tendance de plus en plus importante à chaque élection régionale et départementale. La crise sanitaire est contingente de l'abstention. Pourquoi l'élection présidentielle demeure-t-elle toujours importante ? Il s'agit d'une question simple, choisir une personne chargée d'une fonction claire : diriger. Ainsi pour les électeurs cette élection semble utile. S'agissant des autres élections, les électeurs n'ont pas de certitude quant à l'impact de leur vote. L'abstention atteint 40 à 55 % lors des élections législatives, 60 à 65 % pour les élections régionales et départementales, 30 % à 40 % pour les élections municipales.
La troisième cause de l'abstention qui complète la seconde est le manque de lisibilité et de compréhension de nos modalités politiques et institutionnelles. La dilution du pouvoir qui s'illustre par le « mille-feuilles institutionnel » a une incidence négative sur la population. Qui décide de quoi ? C'est une question à laquelle il faudrait plusieurs heures pour répondre de manière exhaustive. Nous pensons que les Français ne comprennent pas les enjeux de certaines élections. Il existe d'autres causes, mais celles-ci sont majeures.
Synopia, en tant que think tank, travaille sur les méthodes, les pratiques de gouvernance et principalement sur la perception par les citoyens français de leurs pratiques démocratiques. Nous proposons le retour du septennat ainsi que la mise en place d'une dissociation du temps entre les élections présidentielles et législatives. Cette distinction permettrait de redonner au Parlement sa fonction de contre-pouvoir et d'offrir aux Français la possibilité de changer de majorité en cours de mandat présidentiel. Nous sommes favorables à un referendum local et national pour solliciter l'avis de la population, à condition que le résultat de ce référendum soit bien pris en compte. Nous sommes aussi favorables à une simplification du « mille-feuilles » territorial, qui passerait nécessairement par la suppression d'un ou de plusieurs échelons de gouvernance. Cependant, il serait trop simple de penser que les citoyens tentés par l'abstention iraient voter uniquement en raison d'une simplification et d'une facilitation du processus de vote. Ces citoyens souhaitent que leur vote ait un impact. Il est nécessaire de redonner à chaque élection son sens et une lisibilité réelle.