Intervention de Chloé Ridel

Réunion du mercredi 29 septembre 2021 à 15h00
Mission d'information visant à identifier les ressorts de l'abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale

Chloé Ridel, présidente de l'association Mieux voter :

Je suis en désaccord. Voter, ce n'est pas choisir. Il s'agit là d'une définition imprécise. La science indique qu'une élection permet de mesurer la légitimité de chaque candidat. Pour cela, il ne suffit pas de compter le nombre de voix favorables, surtout quand ces voix ne signifient pas la même chose. En 2017, toutes les voix pour Emmanuel Macron n'étaient pas des votes d'adhésion au programme du candidat. Il existait de nombreux votes par défaut, ainsi que des votes utiles. Le scrutin ne permet pas de reconnaître la légitimité d'un candidat. Pour cela, il est nécessaire de mesurer le nombre de personnes qui adhèrent et ceux qui le rejettent, voire y sont indifférentes.

Le jugement majoritaire est issu d'une théorie scientifique qui a fait l'objet d'une publication du MIT en 2007 et 2011. Il est reconnu par la communauté scientifique internationale, notamment par des détenteurs du prix Nobel qui étudient le fait social. Le but de notre association a justement été de vulgariser cette idée, de l'étendre et de l'expérimenter. Depuis trois ans et demi, nous avons convaincu des partis politiques d'utiliser le jugement majoritaire. La République en marche l'utilise pour ses élections internes depuis 2018. Plus de trois mille animateurs locaux du mouvement ont été élus par ce moyen en décembre 2019. Beaucoup de partis utilisent le jugement majoritaire dans leur décision quotidienne. Il existe une volonté de l'appliquer aux primaires.

Nous avons convaincu la mairie de Paris d'adopter le jugement majoritaire pour construire son budget participatif, le plus important au monde en valeur absolue et relative, 100 millions d'euros étant soumis au vote des Parisiens. Notre plaidoyer porte ses fruits. La région Occitanie a utilisé ce processus pour différents projets. Cette méthode s'éprouve de plus en plus.

Nous avons deux recommandations principales à vous suggérer : d'abord de permettre l'expérimentation du jugement majoritaire dès 2022 dans une centaine de bureaux de vote en marge des élections présidentielles et législatives. Cela permettrait de constater ou non une différence de résultat et de percevoir comment ce mode de scrutin est reçu. La prise en charge par le ministère de l'Intérieur d'une telle expérimentation constituerait un véritable progrès. Ensuite, il s'agirait de libérer le choix du mode de scrutin pour les collectivités locales. Le maire ne peut pas modifier les modalités d'une élection ou d'un referendum en raison d'un article du code général des collectivités territoriales (CGCT) qui fixe le seul mode de scrutin possible. Il en va de même pour les consultations locales. Il s'agirait donc de supprimer la disposition qui ne permet pas aux collectivités locales de choisir souverainement le mode de scrutin qu'elles souhaitent appliquer pour les consultations locales. A contrario, les budgets participatifs ne sont pas encadrés par la loi.

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