François Mitterrand disait « Il faut laisser du temps au temps ». Le débat politique est réduit aujourd'hui à quelque chose de très binaire pour aller vite. Or il n'est pas possible de répondre en quelques secondes aux questions qui nous animent ici jour après jour par un oui ou par un non. L'immédiateté et l'absence de nuance dans le débat public posent problème. Je salue l'appel passé récemment dans le journal La Croix, qui rappelait que le débat doit s'établir dans la nuance et le respect de tous. Or tout concourt à présent à ce que chacun donne une réponse très radicale. La radicalité est d'ailleurs le credo de la campagne électorale qui débute actuellement.
En 2008, je travaillais dans le cabinet du député-maire de la ville de Caen, qui venait d'être élu. Trois mois après son élection, un habitant lui a dit être déçu de ne constater qu'il ne se passait rien et qu'il n'y avait ni travaux ni construction. Il a fallu expliquer à cet habitant que les travaux nécessitaient du temps et diverses démarches telles que les appels d'offres. La citoyenneté s'apprend et se mérite. Se sentir citoyen, c'est se sentir totalement impliqué dans la décision que l'on prend. Comment rattache-t-on les parcours citoyens à la décision politique ? Je ne pense pas que la solution soit technique et que le recours à la proportionnelle diminuerait l'abstention. Ainsi, alors que les élections régionales sont fondées sur un scrutin proportionnel, la participation électorale est demeurée faible. Cette impuissance démocratique tient à ce temps dont nous ne disposons plus pour débattre de manière précise et coordonnée.