Intervention de François Cornut-Gentille

Réunion du mercredi 6 octobre 2021 à 16h30
Mission d'information visant à identifier les ressorts de l'abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Cornut-Gentille, député :

Nous pensons tous que notre intuition et notre opinion constituent un diagnostic. Concernant les retraites, par exemple, mon parti politique propose de reculer l'âge de la retraite. Si vous ne prenez qu'un aspect, le côté financier, vous déplacez simplement l'âge du départ en retraite. La suggestion d'un diagnostic correspond en réalité à la vente d'une solution. Un diagnostic complet concernant l'âge de départ à la retraite nous obligerait à nous interroger sur les démarches des entreprises qui poussent leurs salariés vers le départ à 58 ans. Or si nous reculons le départ en retraite à 65 ans, beaucoup de nos concitoyens auront recours à l'assurance chômage qui financera les retraites. Un diagnostic pose de multiples questions. Face aux problèmes actuels (réchauffement climatique, insécurité, immigration), nous ne disposons que d'une ébauche de solution. Cependant, la pression médiatique nous impose de transformer ces embryons d'idées en propositions concrètes. En percevant les contradictions sous-jacentes à un même problème, nous alimenterons le cahier des charges. Il ne s'agit pas d'aller directement à la solution. Le diagnostic représente un véritable travail de fond.

Les idéologies de gauche et de droite constituaient des aides au diagnostic. Depuis deux siècles, nous nous demandons quelle orientation donner à la société : progressiste ou conservatiste. Les partis politiques se sont structurés à partir de cette question. Désormais, il ne s'agit plus d'une orientation de la société, mais de questions complexes pour lesquelles il devient nécessaire de dégager des options crédibles. L'assemblée du diagnostic permettra de structurer des options politiques à partir desquelles les partis politiques pourront prospérer. Cette assemblée esquissera des options et de nouveaux partis politiques pourront en naître. Aujourd'hui, il subsiste une culture de gauche et une culture de droite fournissant un éclairage aux individus ayant des affinités à travailler ensemble. Toutefois, cela ne permet pas de fournir un cap précis. Or la politique n'est pas la somme de plusieurs propositions. Elle doit permettre d'aider les populations à comprendre où nous en sommes et où nous souhaitons aller. Le diagnostic offre des repères quant à ce qui est souhaitable ou faisable. Les partis politiques assumaient autrefois une fonction essentielle. Nous devons nous donner les moyens de recréer ces débats.

Nous nous accordons concernant le « millefeuille » territorial. Localement, la complexité actuelle s'avère catastrophique. Nous pourrions maintenir un certain nombre de niveaux administratifs si nos concitoyens les identifiaient.

Il existe un problème concernant le cumul des mandats, mais nous ne reviendrons pas en arrière. Il est nécessaire de repenser tous nos instruments d'action publique, aussi bien les instruments nationaux que ceux des collectivités. Ainsi, concernant le problème des mineurs non accompagnés, nous ne disposons d'aucune solution. Nos outils sont inutiles. L'État ne sait pas comment réagir, les conseils départementaux non plus. Ce problème est donc sans cesse renvoyé d'un étage à l'autre. Il est essentiel de repenser tous les niveaux, non pas en partant des compétences actuelles, mais en considérant, de l'extérieur, les problèmes de la population. Ainsi, nous serons en mesure de redéfinir les niveaux de collectivités.

En redéfinissant l'action de l'État à tous les niveaux, je transformerais le Sénat en Assemblée des territoires. Je placerais au Sénat ès qualités tous les présidents de régions, de départements et des représentants des intercommunalités. Ainsi nous disposerions de trois assemblées complémentaires. Le fait majoritaire demeurerait à l'Assemblée nationale ; l'action locale serait discutée par les praticiens eux-mêmes au Sénat et nous créerions une assemblée qui définirait les enjeux et permettrait d'observer les problèmes auxquels nous sommes confrontés depuis longtemps.

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