Je vous remercie de nous avoir conviés, car il s'agit aussi pour nous de réfléchir à nos pratiques et à ce que nous pouvons améliorer. Je souscris aux propos de mon confrère : nous sommes également attachés aux principes démocratiques et à la vitalité de notre démocratie. Le niveau d'abstention lors des dernières élections demeure un sujet d'inquiétude. Nous rédigeons régulièrement des articles sur l'abstention et beaucoup de ces analyses paraissent au moment des élections. Nous nous interrogeons sur les causes de l'abstention. Cependant, il est possible que nous n'allions pas suffisamment et de manière structurée au-devant des abstentionnistes. Nous ne leur donnons pas assez la parole et nous ne cherchons pas à nous adresser à eux comme nous le pourrions. Nous réalisons des enquêtes de manière incidente. En ce moment, nous avons lancé une enquête dans laquelle nous racontons la campagne présidentielle depuis Reims. Nous allons au-devant des électeurs, nous présentons leur état d'esprit. Nous essayons de croiser les données de Reims avec un moment de la campagne. Nous avons publié un article sur la déclaration des candidatures et la question des primaires. Cet exemple est symptomatique. Nous avons choisi Reims, car c'est une métropole où les résultats ont été similaires à ceux de l'ensemble du corps électoral en 2017 au premier tour. En effet, les principaux candidats ont obtenu le même score à Reims qu'au niveau national. En revanche, nous ne nous sommes pas posé la question du taux d'abstention. Est-ce une ville où il existe un fort taux d'abstention ? Nous sommes tournés vers le vote, les partis, les rapports de force, les programmes. De temps en temps, nous publions des articles sur l'abstention afin de l'analyser. Cependant, au long cours, l'abstention et les abstentionnistes passent sous nos radars. Nous sommes arrivés à cette conclusion en préparant à cette rencontre. C'est pour nous une interrogation et une piste d'évolution.