Intervention de Monique Iborra

Réunion du mercredi 20 octobre 2021 à 14h00
Mission d'information visant à identifier les ressorts de l'abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMonique Iborra :

Plus qu'avant, nous avons aujourd'hui l'impression que seul le discours radical est écouté, et qu'il est difficile de faire entendre un discours politique conciliant. Comment expliquez-vous cette radicalité omniprésente, y compris dans les médias ?

Jusqu'à présent, nous avions l'impression que les ancrages locaux ne suffisaient pas à déterminer les rapports de force nationaux, et que, par exemple, le résultat des élections locales pouvait aller dans un sens différent du résultat au niveau national. Ne pensez-vous pas qu'il existe des raisons institutionnelles structurelles au fait que les élections présidentielles mobilisent plus que les élections locales ? L'idée de millefeuille qui a été évoquée me paraît d'autant plus importante qu'il est très complexe d'expliquer les politiques nationales que nous mettons en place. Les politiques locales sont quant à elles plus faciles à expliquer, parce qu'elles sont souvent dénuées d'enjeux politiques. En effet, les clivages politiques importent beaucoup moins au niveau de la présidence d'un conseil départemental ou régional que lors d'une élection nationale. En revanche, au moment des élections locales, les sujets qui sont abordés ne concernent plus les compétences des différentes catégories de collectivités, mais les enjeux de politique nationale qui ne correspondent pas à leurs champs de compétences. Cette concurrence entre le niveau local et le niveau national me paraît réellement préoccupante. Je ne suis pas du tout certaine que le renforcement de la décentralisation pourrait régler ce problème. En effet, nous n'avons pas tout à fait cette culture de la décentralisation en France, bien que nous en souhaitions davantage.

Enfin, vous avez évoqué le fait que le développement d'un programme national n'est pas toujours suivi de sa mise en place opérationnelle. La plupart du temps, ce n'est effectivement pas le cas, non pas en raison d'un problème de cohérence du discours au niveau national, mais parce que nos organisations administratives ainsi que la technocratie, qui existe en France beaucoup plus qu'ailleurs, empêchent parfois la mise en œuvre opérationnelle de nos politiques. La résolution de ce problème nécessiterait de nombreuses réformes potentiellement difficiles à mener.

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