Intervention de Bernard Schmeltz

Réunion du mercredi 20 octobre 2021 à 17h00
Mission d'information visant à identifier les ressorts de l'abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale

Bernard Schmeltz, directeur général de l'Assemblée des départements de France (ADF) :

L'ADF n'a pas, à ce jour, produit une analyse précise concernant la chute de la participation électorale. Je ne m'exprimerai donc pas en portant des positions établies par l'ADF.

L'ADF a mis en place, en 2019, une commission « démocratie et citoyenneté », chargée de réfléchir à ces sujets. La commission a peu produit depuis sa création. Néanmoins, elle a été remise en place dans la perspective du congrès des départements du 1er au 3 décembre prochains. Cette commission sera sans doute en mesure de produire à la fois des analyses et des propositions.

La question de la chute de la participation lors des scrutins locaux relève à l'évidence de questions de fond, largement explorées par les politologues et les sociologues. Mon propos n'est pas de me substituer à ces derniers.

Certes, dans la période la plus récente, des éléments conjecturaux ont pu jouer un rôle, sans que nous sachions si ce rôle a été positif ou négatif. Ces éléments sont la crise économique, l'effet report des élections, le regroupement des scrutins régionaux et départementaux, les dysfonctionnements sur la distribution de la propagande électorale mais aussi les assouplissements accordés aux modalités de vote. Ce point mériterait sans doute d'être analysé plus finement, ce que je ne suis pas en mesure de faire.

Chez nos voisins européens, des taux de participations supérieurs à ceux que nous avons connus en France ont été maintenus, en dépit de la crise pandémique. Un phénomène français existe donc, qui renvoie à des analyses de plus long terme.

Les éléments que nous pouvons évoquer sont connus. L'abstention peut être liée au défaut d'inscription, qui concernerait environ 10 millions de citoyens, volontaire, par opposition de principe au système électoral, due à un désintérêt pour la chose publique, causée par un manque d'intégration sociale et de culture politique, qui touche toutes les classes d'âge.

À ces causes, nous pouvons éventuellement ajouter une absence de visibilité de l'action des collectivités, sur fond de brouhaha public. Autrefois, la façon de susciter l'intérêt des électeurs s'opérait par des vecteurs bien identifiés, auxquels il était aisé de se référer. La situation est plus compliquée aujourd'hui. Les réseaux sociaux occupent une part beaucoup plus importante dans la formation de l'opinion, notamment chez les jeunes. Ces réseaux sociaux sont plus difficilement le relai de l'action des pouvoirs publics et des institutions. Il peut être difficile de faire le lien entre le geste de mettre un bulletin dans une urne et le constat du bon fonctionnement des services publics sur le terrain.

Un autre élément pouvant être considéré est le décalage entre de nombreux sondages qui tendent à démontrer que nos concitoyens sont toujours attachés aux institutions locales, à la région, au département et à la commune et le désintérêt de ces citoyens pour manifester leur opinion au moment de conférer la légitimité à ces institutions afin qu'elles exercent leurs missions de service public. Ce décalage renvoie à l'idée que le lien se tisse plus entre l'acte de voter et la mise en œuvre des politiques publiques.[LB1]

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