Intervention de Guy Geoffroy

Réunion du mercredi 20 octobre 2021 à 17h00
Mission d'information visant à identifier les ressorts de l'abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale

Guy Geoffroy, président des maires de Seine-et-Marne, maire de Combs-la-Ville, représentant de l'Association des maires de France (AMF) :

De manière générale, je pense que le populisme apparait après la démagogie. Un danger existe lorsqu'on passe allégrement de l'un à l'autre. Nous sommes davantage sur le versant populiste que sur le versant purement démagogique. Les électeurs finissent par s'apercevoir de la démagogie tandis le populisme fonctionne car il répond à leurs attentes sourdes. Ce point est très inquiétant.

Lors du débat sur le cumul des mandats à l'Assemblée nationale, j'avais longtemps discuté avec Manuel Valls, à l'époque ministre de l'Intérieur. Je lui avais fait remarquer que l'association Nosdéputés.fr, qui n'a pas pour caractéristique d'adorer les parlementaires, avait réalisé un bilan à l'issue de la législature 2007-2012, avec des critères qui ne sont pas les nôtres. J'étais premier dans le classement tous critères confondus. Le deuxième était François Brottes. Or nous étions tous deux députés et maires ainsi que réélus députés. Les habitants de nos communes n'avaient pas le sentiment que nous les délaissions au profit de l'Assemblée puisque nous étions réélus comme maire également. Ce fait n'avait pas eu de poids puisque la commande politique visait la fin du cumul. En quinze ans, aucun habitant ne m'a demandé de cesser d'être à la fois maire et député.

J'aimerais que nous reparlions à nouveau de la nécessité de l'exercice simultané de fonctions nationales et locales afin d'aider le Parlement à ne pas se trouver de facto déconnecté du terrain où s'appliqueront les lois. Il existe encore heureusement, dans le Parlement, des élus ayant été élus locaux et connaissant le terrain. Au fur et à mesure, le danger de fracture et d'évanouissement potentiel de la loi dans son application locale ainsi que de la crédibilité de l'action publique sera considérable. J'encourage non pas à revenir au cumul dans son aspect péjoratif mais à travailler sur la nécessaire complémentarité dans l'exercice simultané de mandats nationaux et locaux.

Un sujet existe concernant l'âge des abstentionnistes. Les enfants sont passionnés par le fait de recevoir des élus, surtout le maire. Pourquoi, quelques années plus tard, ne transforment-ils pas la passion qu'ils éprouvaient à être avec le maire en une adhésion à la démocratie représentative ? Une alchimie est à trouver.

J'ai été victime d'agressions physiques, comme beaucoup d'élus. J'ai eu la chance que les individus m'ayant agressé physiquement et verbalement ou menacé aient été condamnés à de la prison, parfois ferme.

Nous constatons un relâchement général à l'égard de toute autorité publique. Il n'existe plus aucune autorité publique qui ne fasse peur à ceux qui sont totalement débridés et qui pensent qu'il est naturel de s'exprimer d'une manière ahurissante, mais simple, à ceux qui représentent une forme d'autorité. Je ne mets personne en cause puisque l'exemple récent prouve que la justice, lorsqu'elle est bien nourrie par de bons éléments d'information et une bonne enquête, peut très rapidement prendre les décisions qui s'imposent. Un réel sujet existe néanmoins.

Nous n'avons pas évoqué le vote blanc. Nous entendons souvent dire que les potentiels électeurs se déplaceraient plus si le vote blanc était reconnu. Cette idée n'a pas été démontrée. J'avais formulé une proposition au sein de la commission des lois de l'Assemblée, qui n'avait pas été retenue. J'invite à ce que nous y réfléchissions. Nous pourrions éventuellement prendre le vote blanc en compte dans la détermination de la majorité absolue permettant d'être élu au premier tour. Le vote blanc aurait donc une justification et une conséquence. Le vote blanc n'a aujourd'hui aucun impact, ce qui est peut-être contre-productif.

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