Intervention de Céline Braconnier

Réunion du jeudi 21 octobre 2021 à 9h05
Mission d'information visant à identifier les ressorts de l'abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale

Céline Braconnier, directrice de Science Po Saint-Germain-en-Laye et professeure de science politique :

Lorsque nous avons travaillé avec l'INSEE, nous avons pu établir un profil sociologique des mal inscrits qui s'éloigne de celui des non-inscrits. Nous avons notamment identifié une surreprésentation des diplômés et des jeunes cadres. En réalité, le facteur essentiel de la mal-inscription est la mobilité. Il existe un décalage entre des procédures électorales héritées de l'histoire et une société de la mobilité dans laquelle les concitoyens se déplacent beaucoup. Le turn-over résidentiel est particulièrement fort dans certaines catégories de la population, dont les étudiants. Nous estimons que s'ils n'avaient pas de problème d'inscription, les étudiants voteraient plus, car ils sont plus prédisposés à voter de manière constante que d'autres catégories de la jeunesse. Ces procédures électorales sont inadaptées, sans que d'autres procédures (vote à distance ou vote électronique) permettent de neutraliser la distance par rapport au lieu d'inscription.

Ces différents facteurs se cumulent pour gêner la participation électorale, très fortement pour certaines catégories de la population.

Je précise que la France est l'une des seules grandes démocraties à maintenir cette étape de l'inscription préalable à l'exercice effectif du droit de vote. Nous ne mettons pas en place la déclaration domiciliaire obligatoire lors de l'installation dans une commune. Il suffirait de généraliser l'inscription d'office, valable pour les jeunes de 18 ans et les Français qui viennent d'acquérir la nationalité, pour supprimer immédiatement l'obstacle de l'inscription à la participation électorale. Nous n'affirmons pas que cela supprimerait l'abstention, bien évidemment, car elle est multifactorielle. Cette question de procédure est relativement facile à résoudre et pourrait rendre les campagnes électorales plus efficaces. Les personnes prêtes à participer au dernier moment ne se retrouvent pas en capacité de voter facilement. Il s'agit d'un vrai problème démocratique.

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