Intervention de Anne Muxel

Réunion du jeudi 21 octobre 2021 à 9h05
Mission d'information visant à identifier les ressorts de l'abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale

Anne Muxel, directrice de recherches en sociologie et en science politique au CNRS :

. Nous réalisons de grandes enquêtes électorales ayant une dimension quantitative. Nous développons des panels électoraux portant sur des échantillons très larges. Nous suivons 20 000 électeurs potentiels pour étudier le processus de leur mobilisation électorale. Nous faisons dans le cadre de ces enquêtes longitudinales des observations en matière de mobilisation électorale.

J'ai également beaucoup travaillé sur les jeunes et les formes de politisation de la jeunesse.

Nous observons effectivement une différente entre les zones rurales et les zones urbaines. Malgré tout, la participation est plus importante dans les populations en zones rurales, avec une conception normative du devoir de voter qui s'applique davantage dans les petites communes. C'est une constante que nous avons mise en lumière, même si ces zones sont également touchées par des recompositions de population et ce phénomène de l'abstention.

Lorsque nous sommes confrontés à une abstention des jeunes aussi massive, il existe peu d'effets de sociologie. C'est vrai de l'inscription, comme de la participation. Elle touche des jeunes qui, de par leur profil sociologique, devraient participer davantage.

Nous n'observons pas, parmi les jeunes générations, de recul de l'engagement. Les formes d'engagement se déplacent du champ institutionnel vers le champ associatif ou protestataire au travers de mobilisations collectives.

Je viens de terminer une importante étude sur la génération Z qui portait sur 3 000 jeunes représentatifs de 16 à 18 ans. Lors de cette enquête, j'ai pu vérifier auprès de la tranche d'âge concernée qu'ils ne souhaitaient pas d'inscription sur les listes électorales. Ceci étant dit, 1974, lorsque l'on interrogeait les 18-21 ans en 1974, ils ne voulaient pas non plus !

Je reviens à l'observatoire de la génération Z : 22 % des 16-18 ans disent avoir participé à une marche pour le climat, et 30 % disent avoir déjà participé à une manifestation. De nombreuses enquêtes ont fait état, notamment à partir des attentats de 2015, d'un surcroît d'engagement de la part de la jeunesse, et non pas d'un désengagement. Nous retrouvons des facteurs sociologiques : ces manifestations touchent davantage des jeunes scolarisés, étudiants, que des jeunes déjà actifs qui sont en retrait de ce type de mobilisations.

Il ne faut pas négliger dans certains quartiers le travail d'associations qui se traduit par des initiatives, y compris au sein de la jeunesse populaire. Il faudrait mettre l'accent sur ces engagements de proximité au travers d'un travail associatif qu'il faut continuer à soutenir. La crise du Covid-19 a été l'occasion pour des jeunes notamment ‑ et pour d'autres ‑ de témoigner d'engagements de proximité et d'entraide.

Monsieur le rapporteur, je vous rejoins sur la question des modalités de vote. Il faut évidemment simplifier les procédures d'inscription afin de faciliter le passage à l'acte de vote. Pour autant, ce n'est pas ce qui restaurera ce déficit de confiance envers les institutions et le personnel politique qui est abyssal. Dans certaines démocraties, la facilité d'accès au vote est très importante ; néanmoins, ces pays enregistrent des taux d'abstention parmi les plus importants.

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