Intervention de Anne Muxel

Réunion du jeudi 21 octobre 2021 à 9h05
Mission d'information visant à identifier les ressorts de l'abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale

Anne Muxel, directrice de recherches en sociologie et en science politique au CNRS :

Je retiens deux points : la question des instances de socialisation et des facteurs contextuels de la participation politique. Je rejoins les propos de madame Braconnier. La famille est tout à fait décisive pour comprendre la participation politique, dans la fabrique des identités politiques, et continue de jouer un rôle malgré cette relative déstructuration à laquelle elle est confrontée. Elle reste un creuset des identités politiques, voire des habitudes de vote ou de non-vote.

S'agissant du vote en famille, il existe effectivement un effet d'entraînement sur la participation électorale. Pour autant, ce qui se transmet, ce n'est pas forcément le choix de vote, mais plutôt des filiations politiques ou idéologiques qui continuent de se structurer au sein de la famille. La famille reste un lieu important de construction de l'expérience démocratique. Elle est une « mini-démocratie ». J'ai beaucoup travaillé sur la place de la politique dans l'intimité et les relations familiales. Le rapport au vote se construit dans cet espace affectif, mais ne se traduit pas forcément par le même vote.

Je souhaiterais insister sur l'école en tant qu'espace public de l'éducation du citoyen. Très certainement, des leviers sont à mobiliser dans l'apprentissage du rapport au vote.

Je reviens sur la question de l'intermittence du vote, qui restera probablement durablement installée. Si l'on croit à l'incidence de l'effet de période sur la fabrique des identités politiques, il est clair que pour les nouvelles générations qui font leur apprentissage politique dans un contexte de forte abstention et de forte défiance, ces dispositions pérennes risquent de se mettre en place. On peut considérer que le vote intermittent est un élément de vitalité démocratique, qui ne débouche pas forcément sur de l'anomie. On peut également envisager que notre démocratie doive s'accommoder de ce vote intermittent.

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