Intervention de Abel François

Réunion du jeudi 21 octobre 2021 à 9h05
Mission d'information visant à identifier les ressorts de l'abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale

Abel François, professeur d'économie à l'université de Lille :

. Je ne sais pas, de l'école ou des associations, quelle instance est la plus légitime aux yeux des jeunes pour les mener sur le chemin de l'inclusion politique. Je ne suis pas certain que l'école soit la plus efficace, alors qu'elle est souvent un lieu de confrontation avec l'autorité. La perception de cette instance peut être négative chez les jeunes.

S'agissant de la propagande, la réglementation en France est construite sur un schéma extrêmement daté, où le citoyen était considéré comme un rentier avec une appétence très forte à la « chose publique ». Or, la vie moderne du citoyen n'est plus du tout la même qu'au XIXe siècle : il est très occupé et a peu de temps pour s'intéresser à la politique.

Les associations et partis politiques sont privés d'un nombre incroyable d'outils de propagande. Ils sont obligés de passer par les médias, et notamment la télévision, et sont en compétition pour accéder à ces médias. Ils ne peuvent pas mettre en place une stratégie qui s'appuierait sur une base militante importante et, au final, ont pour activité principale la diffusion de tracts. Or, je connais peu de monde qui lise un tract en entier. Bien que les candidats et les partis aient une base financière intéressante grâce aux mécanismes de financement existants, leurs outils de campagne sont très restreints et les empêche de développer des stratégies plus ambitieuses de mobilisation des électeurs potentiels.

C'est l'une des raisons pour lesquelles les associations et les partis ne se sont pas approprié l'allongement de la durée d'inscription sur les listes électorales.

Enfin, les modalités de calcul du financement public des partis n'incitent pas les partis à mobiliser l'électorat. Il conviendrait simplement, dans ces modalités de calcul, de mettre des objectifs de participation électorale. Les partis politiques sont aujourd'hui sanctionnés lorsqu'ils ne respectent pas la parité hommes-femmes. Nous pourrions imaginer, non pas un système de sanction, mais plutôt d'incitation positive pour développer la participation électorale. Le calcul du financement public pourrait également être étendu à d'autres élections que les élections législatives.

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