J'ai l'honneur de représenter ici Jordan Bardella.
Si nous participons à cette mission d'information, c'est parce que l'heure est grave : les élus perdent en légitimité, les taux d'abstention sont très élevés, la représentativité fait cruellement défaut – selon les études qualitatives conduites après les dernières élections départementales et régionales, deux catégories se sont massivement déplacées lors du scrutin : les « CSP+ » et les seniors.
Si l'on continue sur cette pente, si l'on tangente à 25 % de participation, la démocratie est en péril. Cela me touche, car, dans mon ancienne vie, j'ai été reporter dans des pays en guerre civile où, quand on n'était pas d'accord, on prenait une kalachnikov et on se tirait dessus. Ici, alors que nous ne venons pas du tout des mêmes partis, nous dialoguons courtoisement. Mais, si la participation reflue encore davantage, quel moyen d'expression utilisera-t-on ? C'est un signal d'alarme.
Pourquoi en est-on arrivé là ? Beaucoup de signaux ont été envoyés au cours des dernières années. Lors du référendum de 2005, alors que le non l'emporte à 55 %, le pouvoir en place ne trouve rien de mieux à faire que de mettre ce résultat à la poubelle et de passer par un moyen détourné pour parvenir à ses fins. « À quoi sert d'aller voter ? » J'ai entendu cette phrase à de multiples reprises au cours de la campagne pour les élections régionales. J'ai noté les mots qui m'ont le plus marqué : « je n'y crois pas » ; « je n'y crois plus » ; « ça ne sert à rien » ; « tous les mêmes ».
Il y a aussi Bruxelles : nous avons perdu notre souveraineté – c'est un axe fondamental de notre combat politique. Nous avons transféré à Bruxelles de plus en plus de pouvoirs, financier, économique, etc. De même – on l'entend quand on va à la rencontre des Français –, nous avons perdu des marges de manœuvre à cause des marchés financiers. Comme dans la chanson de Dutronc, « fais pas ci, fais pas ça, ou sinon gare à toi » ! Il faut vraiment faire attention à tous ces signaux.
Chaque année, le centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) demande aux Français de classer les institutions en fonction du degré de confiance qu'ils leur accordent. Sur le podium, on trouve les hôpitaux publics, les services d'urgence et les pompiers – c'est normal –, puis l'armée – à laquelle 70 % à 75 % de nos compatriotes font confiance alors que ce taux était très bas il y a trente ou quarante ans –, les policiers et les gendarmes. À l'avant-dernière place, on trouve les médias, et tout en bas du classement, le personnel politique. Nous devons garder à l'esprit ces données.
Pour notre part, nous souhaitons évidemment l'instauration de la proportionnelle. Est-il normal que le Rassemblement national ne soit représenté à l'Assemblée nationale que par une poignée de députés alors que Marine Le Pen a obtenu 11 millions de voix au second tour de l'élection présidentielle de 2017 ?
Nous sommes également favorables aux référendums, non seulement organisés par l'exécutif, mais également d'initiative citoyenne, lorsqu'une proposition de loi recueille 500 000 signatures.
M. Mignola a appelé de ses vœux la création d'une banque de la démocratie. Est-il normal qu'un parti de premier plan ait du mal à financer une campagne électorale à venir ?
Les problèmes relatifs aux professions de foi ont été évoqués tout à l'heure. Lors des derniers scrutins, certains électeurs ont reçu dans leur boîte aux lettres la propagande électorale de candidats d'autres départements ou d'autres régions. Il est donc légitime de poser cette question.
Enfin, lorsque M. Guerini faisait référence à des livres tout à l'heure, je pensais pour ma part à L'Archipel français de Jérôme Fourquet. Nos concitoyens se sentent désormais membres de communautés. Y a-t-il encore une nation commune ? L'incitation à la participation électorale sera peut-être l'un des remèdes au malaise actuel.