Intervention de Corinne Narassiguin

Réunion du mercredi 27 octobre 2021 à 14h00
Mission d'information visant à identifier les ressorts de l'abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale

Corinne Narassiguin, secrétaire nationale à la coordination, à la communication et aux moyens du Parti socialiste :

Parce que je suis une éternelle optimiste, je préfère voir dans la situation du Parti socialiste après les élections de 2017 un verre à moitié plein : depuis quelques années, tout en respectant notre histoire et en préservant les bons aspects de notre mode de fonctionnement traditionnel, nous avons l'occasion de réfléchir à des choses différentes et de mener diverses expérimentations en ayant les mains beaucoup plus libres.

Nous restons un parti politique et certains principes nous semblent essentiels : ainsi, bien que nous ayons introduit le vote par internet pour certaines élections internes, il nous paraît important que les militants se déplacent pour glisser leur bulletin dans l'urne et se retrouvent physiquement, pour débattre autrement que de manière virtuelle. Les dix-huit mois qui viennent de s'écouler, marqués par le covid, ont été particulièrement difficiles pour le fonctionnement interne du parti.

Nous essayons aussi de retrouver ce qui caractérisait le parti à son origine et que nous avions perdu, expliquant sans doute en partie les défaites que nous avons subies. On peut se détruire très vite, mais se reconstruire prend beaucoup plus de temps ! Il faut savoir reconnaître que nous nous étions un peu refermés sur nous-mêmes et que nous ne travaillions plus suffisamment avec les syndicats, le monde associatif, les mouvements citoyens, les intellectuels et les think tanks ; nous essayons donc de retrouver un esprit de collaboration et d'échanges beaucoup plus ouverts avec ces différents acteurs. Nous tentons aussi de réintroduire l'idée selon laquelle le parti doit former ses militants, car il faut bien admettre que le Parti socialiste, initialement traversé par des courants idéologiques structurants assurant la formation des militants, était malheureusement devenu à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle un parti d'écuries présidentielles.

Le rôle d'un parti politique n'est évidemment pas de remplacer les syndicats ou les mouvements associatifs défendant des revendications catégorielles, mais d'entendre ces revendications tout à fait légitimes, de les inscrire dans un schéma plus global et de proposer des solutions politiques. Un parti se doit aussi de détecter des talents pour former des candidats, des futurs élus, et d'assurer un rôle d'éducation populaire à l'égard de ses militants et sympathisants afin de structurer le débat démocratique.

C'est cette ambition que nous essayons de retrouver en utilisant le plus possible les nouveaux moyens de communication que sont les réseaux sociaux et les plateformes internet, où nous diffusons des émissions que nous produisons nous-mêmes. Nous engageons un dialogue avec de nombreux think tanks ou mouvements citoyens beaucoup moins structurés que par le passé. Ce travail n'en demeure pas moins très difficile. Nous essayons de repenser aussi notre mode de fonctionnement et nos débats internes, ainsi que notre processus d'adhésion. Nous cherchons à attirer des sympathisants qui n'ont pas forcément envie d'adhérer immédiatement, mais qui aimeraient peut-être débattre et faire un bout de chemin avec nous, voire engager un projet particulier avec le parti – nous n'en sommes encore qu'au stade de l'expérimentation.

Nous observons également ce qui se fait ailleurs, y compris dans les nouveaux partis qui ont émergé à l'occasion de l'élection présidentielle de 2017. Il me semble que nous devons tous reconnaître, en toute humilité, qu'aucun parti n'a encore trouvé un mode de fonctionnement répondant parfaitement aux enjeux du XXIe siècle tout en structurant le débat démocratique et en incitant nos concitoyens à s'engager dans la vie politique. C'est un défi que nous avons identifié et que nous intégrons dans nos objectifs de reconstruction du Parti socialiste.

S'agissant de la démocratie participative, cela fait un moment que nous avons mis des propositions sur la table. Je pense aux amendements d'initiative citoyenne, à la réforme du référendum d'initiative partagée en vue de rendre cette procédure beaucoup plus accessible, ou encore aux budgets participatifs mis en place par de nombreux maires. Ce type de participation locale doit être encore amplifiée. Nous plaidons également pour l'organisation de référendums locaux sur certains sujets bien précis. Quant aux conventions citoyennes, elles sont effectivement un très bel outil, à condition toutefois de leur donner des objectifs clairs et de ne pas dégoûter tout de suite nos concitoyens en ne tenant pas compte du travail réalisé par ces instances – cela contribuerait à décrédibiliser l'action publique, ce qui serait tout à fait contre-productif.

L'instauration de la proportionnelle et la décentralisation posent des questions institutionnelles. Ces mesures contribuaient évidemment à améliorer le fonctionnement de notre démocratie, mais je ne suis pas sûre qu'elles aient un impact direct sur la participation électorale. Ce n'est pas parce que les conseillers régionaux sont élus à la proportionnelle que les Français ont davantage voté aux dernières élections régionales !

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