Votre exposé montre que le vote est le résultat d'une culture politique. La comparaison entre la situation de la Suisse et celle de la France donne à réfléchir. Vous avez décrit le vote suisse comme plutôt rationnel. En France, on observe souvent des votes « d'humeur », familièrement qualifiés de dégagisme, où le vote repose davantage sur un rejet des personnalités politiques que sur la question posée. Comment sortir de ce type de comportement, sachant qu'un changement du système de vote sans évolution parallèle de la culture politique pourrait aboutir à des résultats surprenants ?
La césure concernant l'abstention se situe selon vous dans les années 1970. N'observe-t-on pas des tendances plus récentes ?
En France, la progression de l'abstention est potentiellement liée à des phénomènes plus larges de politisation nouvelle, ou en tout cas du recul du clivage entre la gauche et la droite. Les observations sont-elles similaires en Suisse ?
Inversement, quels sont les votes les plus propices à la participation ? Quels thèmes mobilisent le plus ?
En France, globalement, chacun constate que le système dysfonctionne et nécessite des ajustements mais en dépit de cette observation, les idées nouvelles sont peu nombreuses (votes proportionnels, constituante formée de personnes tirées au sort) et expriment davantage un malaise qu'une recherche d'options concrètes. Un débat de fond se joue-t-il en Suisse ? Le cas échéant, porte-t-il sur des solutions pratiques très matérielles ou plutôt sur une réflexion philosophique sur le rapport au vote qui envisagerait des modifications constitutionnelles ou électorales ?