, a insisté sur le rôle très important que doit jouer l'OPECST dans la période actuelle car le discours politique s'appuie sur des données scientifiques et le Gouvernement s'appuie sur la science pour prendre ses décisions. Or l'expertise scientifique est insuffisante au sein du Parlement et l'OPECST doit justement être le « conseil scientifique » de celui-ci. Il est d'ailleurs écouté, comme le montre un message reçu récemment par notre président Gérard Longuet, qui reproche à l'OPECST son silence sur le sujet de l'hydroxychloroquine.
Le contexte médical et scientifique est celui d'un virus inconnu, dont on ne connaît pas la contagiosité et qui provoque une épidémie dont on peine à percevoir la fin. Il n'existe que deux voies possibles pour sortir de cette épidémie : soit on confine les populations, soit on recherche la mise en place d'une immunisation de groupe, au prix de nombreux cas graves, de tensions majeures sur les services de santé et de décès en masse. Les pouvoirs publics sont partagés entre ces deux stratégies, mais les outils numériques que nous évoquons se placent dans le contexte de la seconde voie : déconfinement, suivi des personnes et prise en charge des patients avec des formes graves.
Nous n'avons actuellement aucune indication sur le degré d'immunisation de la population – or tant que 60 % de la population n'aura pas été en contact avec le virus, la contagion reprendra. Des études conduites en Italie ont montré que, même dans des localités situées au cœur de la crise, le taux d'immunisation globale était très faible – ce qui est assez classique pour les virus respiratoires, qui induisent une faible réponse immunitaire. Il est à craindre qu'une future vaccination n'offre qu'une faible immunisation et que la seule façon de sortir de l'épidémie passe par une contamination généralisée.
L'application StopCovid devrait utiliser la technologie Bluetooth mais on ne dispose d'aucune garantie sur son bon fonctionnement : la solution reste au stade de la « preuve de concept ». En cas d'échec, le risque politique est majeur et créera une défiance considérable vis-à-vis du politique et du scientifique. Par ailleurs, la solution proposée devrait reposer sur le volontariat, ce qui réduit ses chances de succès et présente un risque de stigmatisation à l'égard de ceux qui refuseraient de l'utiliser – sans même parler de la fracture numérique… Enfin, l'application n'a de sens qu'articulée avec une politique d'identification des personnes porteuses du virus ; or en matière de tests virologiques, le taux de « faux négatifs » s'élève à 30 % et il est donc impossible d'être déclaré de façon fiable.