, a indiqué qu'il n'était pas membre de l'Académie de médecine, mais que, physicien avec une formation d'ingénieur, il était invité depuis un an comme expert dans différents groupes de travail, dont celui-ci. C'est cette culture d'ingénieur qui explique la présence de plusieurs organigrammes dans la présentation relative aux phases de la sortie de crise. Etant également magistrat honoraire de la Cour des comptes, il est sensible aux questions budgétaires et au coût extrêmement élevé de la crise sanitaire, ce qui explique que l'analyse des phases de sortie de crise se soit attachée à identifier les critères minimaux qui permettraient d'assurer cette sortie.
Il faut à nouveau souligner que le virus est mal connu et la situation évolutive. Nous disposons aujourd'hui d'une « photographie », un mois après le confinement, à partir de laquelle est construite une vision des étapes à venir.
Nous sommes actuellement dans ce qui a été appelé la phase I, qui consiste à ralentir l'épidémie. La phase II devrait commencer le 11 mai avec le déconfinement partiel ; il est cependant possible que l'on soit obligé de revenir en partie à la phase I et il faut donc plutôt réfléchir région par région. L'idée d'un éventuel retour à la phase I n'est pas une vue de l'esprit, puisque Singapour connaît une évolution similaire.
La phase I consiste donc à ralentir la propagation de l'épidémie dans le but de sauver des vies en ralentissant la transmission du Covid-19, en augmentant la capacité de dépistage et en s'assurant que le système de santé a la capacité de traiter les patients Covid-19 et les autres pathologies. On est entré dans cette phase parce que l'on a été débordé (c'est ce que l'on appelle l'« élément déclencheur »). La réussite de la phase I doit permettre d'assouplir les mesures de distanciation sociale et de passer en phase II.
La phase I est caractérisée par certaines spécifications, comme le fait de maintenir une distanciation sociale, l'accroissement de la disponibilité des tests de diagnostic, la remontée rapide des données, la fourniture accrue d'équipements de protection individuelle ou l'obligation de porter des masques – mesure à laquelle l'Académie de médecine est très favorable. Il faut une vision nationale, mais l'Académie estime que le niveau local doit avoir un rôle important, autour du préfet et de l'agence régionale de santé.
En phase I, plusieurs problématiques qualitatives et quantitatives doivent être abordées, comme la disponibilité de tests biologiques individuels par PCR qui soient fiables et en nombre suffisant pour le dosage individuel des sujets contacts, ou encore l'investissement dans des outils permettant de communiquer efficacement les résultats des tests et de rendre les données facilement accessibles aux responsables de la santé publique et aux chercheurs.
Au regard de l'« élément déclencheur » du passage en phase II, quatre critères cumulatifs ont été identifiés.
En sens inverse, pour retourner de la phase II à la phase I, il suffirait que l'on constate une augmentation soutenue de nouveaux cas pendant cinq jours ou l'impossibilité pour les hôpitaux de traiter en toute sécurité tous les patients nécessitant une hospitalisation.
La phase II consisterait en un déconfinement partiel, région par région. Cette phase a pour objectif de sauver des vies en levant de façon prudente les mesures de distanciation sociale strictes, en permettant à la majorité des entreprises et des écoles d'ouvrir et en continuant à contrôler la transmission du virus afin de ne pas revenir à la phase I.
Certaines étapes sont néanmoins requises. Par exemple, il faut garder l'obligation des masques dans l'espace public et les transports, mettre en œuvre des interventions basées sur des cas individuels (comme cela s'est fait dans l'Oise au début de l'épidémie), ou encore identifier les personnes immunisées qui pourraient alors retourner au travail, occuper des postes à haut risque ou aider les personnes encore soumises à des mesures strictes de distanciation sociale. Il y a cependant de nombreux questionnements sur l'immunisation des personnes guéries ; de ce fait, les étapes suivantes sont difficiles à préciser et c'est pourquoi le groupe de travail a voulu bâtir une démarche logique. En phase II, il faut également accélérer le développement des thérapeutiques et utiliser à grande échelle les outils numériques. La communication politique devient très importante : la confiance des citoyens envers la science a pu être affectée par des controverses publiques – on voit d'ailleurs des patients refuser de participer à des essais cliniques randomisés lorsqu'ils apprennent qu'ils pourraient être dans un bras de l'essai où l'on ne leur administrera pas d'hydroxychloroquine – et il faut donc maintenir des principes éthiques, même en temps de pandémie. Les temporalités de la recherche et de la politique ne sont pas les mêmes et la prudence exige d'expliquer que la recherche ne peut pas tout.
Le passage vers la phase III pourra intervenir lorsqu'on disposera de thérapeutiques efficaces ou que la population aura acquis une immunité, naturellement ou grâce à un vaccin.