, s'est réjoui que l'échange avec le groupe de travail de l'Académie de médecine ait permis de brosser un panorama complet des problématiques liées à la sortie progressive du confinement, et de montrer l'ampleur des questions qui demeurent, le très difficile choix politique – mais fondé sur la science – entre les deux stratégies de déconfinement présentées en phase III, et la difficulté d'articuler les questions scientifiques avec les dimensions logistiques et de communication, comme l'a très bien souligné le président Gérard Longuet. À cet égard, la preuve a été apportée de la confusion scientifique causée par le débat public sur l'hydroxychloroquine. L'Office ne doit pas contribuer à cette confusion. Cela signifie que, sans cacher des choses ou les travestir, il doit être prudent et rigoureux dans sa communication.
Certaines questions très actuelles restent à explorer, comme la contagiosité des enfants et les différentes manifestations de la pathologie. Cependant, la connaissance de la maladie évoluant de semaine en semaine, voire de jour en jour, il faut aussi actualiser les travaux passés. C'est l'objet du document qui a été adressé à tous les membres de l'Office hier.
Une première partie porte sur les symptômes de la maladie et évoque trois types d'évolution : bénigne, grave ou biphasique – où une amélioration des symptômes est suivie d'une aggravation subite et violente causée par un emballement du système d'immunitaire. Les facteurs de risque commencent à être mieux identifiés : maladies cardiovasculaires, obésité, diabète…, etc. d'où l'importance de continuer le suivi clinique de cohortes.
Une deuxième partie concerne les modes de transmission du virus, avec une documentation plus précise d'une transmission par aérosols. Cela met en évidence l'importance particulière d'une surveillance des ensembles confinés comme les EHPAD, les prisons, etc. Elle peut se heurter à des contraintes administratives, qu'il faut renverser pour faire face à cette situation d'urgence.
La troisième partie s'intéresse à la protection offerte par le système immunitaire. Les indices sont assez nombreux d'une possible faiblesse de la protection immunitaire acquise du fait de l'infection ; leur confirmation ne serait pas sans conséquences sur les perspectives en matière de vaccins. Il faut donc être très prudent sur la possibilité qu'un vaccin voie le jour.
Une quatrième partie apporte des informations détaillées sur les tests sérologiques, mais aussi fait le point sur les questions en suspens : les tests développés actuellement – y compris les plus médiatisés – sont plus ou moins bons et certains ont même des performances insatisfaisantes.
Le document fait enfin le point sur les traitements antiviraux tels que l'hydroxychloroquine ou le ritonavir, certains effets indésirables potentiellement graves étant désormais mieux documentés. En matière de traitements prophylactiques, le document souligne que la question du facteur protecteur du vaccin BCG est actuellement à l'étude – sujet qui a été évoqué lors de l'échange avec le groupe de travail de l'Académie nationale de médecine.
La veille continue sur ces différents sujets. L'ampleur et la vitesse des efforts de recherche sont impressionnantes, même si un grand nombre de questions restent ouvertes.
S'agissant du traçage des cas contacts, en particulier le traçage informatique, dont il a été fait mention dans l'intervention du Président de la République, le débat politique s'est développé largement. Un tel débat est normal car le sujet dépasse le cadre scientifique, technologique, éthique et pose des questions sur l'acceptation des populations ou sur la fracture numérique. L'intervention du Président de la République a suscité des interventions assez vives ; des syndicats d'enseignants ou des médecins ont notamment réagi à la date du 11 mai annoncée pour une reprise progressive de l'école. La gestion de l'épidémie mêle donc intimement l'information scientifique et décision politique.