. – Nous sommes passés de phases de forte inquiétude pour les enfants à une pensée plus raisonnée et rassurante quant à l'ouverture des écoles. Ce point est concomitant de l'observation d'une diminution de la contagiosité du virus. Même chez les adultes, comme dans les clusters d'abattoirs en France, les personnes sont atteintes, mais l'atteinte est beaucoup moins grave. Il existe peut-être également une notion de périodicité de l'infectiosité du virus ou de mutation qui aboutit à des virus moins forts.
Je souhaite revenir sur l'explication de la faible susceptibilité des enfants à la contamination. Les étapes successives sont bien expliquées par la note, notamment sur une sous-expression de l'enzyme de surface ACE (Angiotensin-Converting Enzyme). Par contre, je m'inscris en faux contre deux idées. La première est qu'il n'y a pas, chez l'enfant scolarisé, de déficit immunitaire lié à l'âge à proprement parler. La réponse immunitaire de l'enfant est totalement mature, apte à pouvoir répondre aux infections, même si l'immunité baisse chez le nourrisson entre trois et six mois quand les anticorps de la mère, transmis pendant la grossesse, disparaissent. À partir de ce moment, l'enfant est livré à lui-même quant à sa capacité de répondre avec ses cellules et ses anticorps. Quand l'enfant est en crèche, il a alors des rhumes, des bronchiolites et des gastroentérites et parfait alors son immunité. Il n'existe pas de déficit chez l'enfant en âge de scolarisation.
La deuxième concerne le papier récemment publié sur l'immunité croisée observée chez des individus, adultes et enfants, qui dit qu'une immunité croisée est possible. Une immunité croisée suppose qu'un individu est stimulé par un antigène ou un microbe : le fait qu'il y ait des motifs communs à différents microbes permet à l'individu de se retrouver immunisé contre les différents microbes ayant des motifs antigéniques communs. Ce papier montre que l'immunité croisée n'est pas forcément liée aux anticorps. Aucune preuve ne montre que l'immunité humorale permet aux anticorps de reconnaître des motifs présents sur des coronavirus bénins et sur le coronavirus SARS‑CoV‑2.
Enfin, les formes graves de type Kawasaki de l'enfant sont liées aux conséquences de l'atteinte virale, du fait de l'orage cytokinique, c'est-à-dire d'une hyper réponse immunitaire avec une hyper inflammation qui conduit à des signes pathologiques particulièrement graves, notamment chez l'adulte, avec des vascularites (atteintes des petits vaisseaux) et mêmes des endothélites, (atteintes de l'endothélium, paroi qui tapisse l'intérieur des vaisseaux). Cette endothélite est généralisée et touche l'endothélium des vaisseaux de tous les organes : à partir de là, des pathologies avec des atteintes multiviscérales peuvent être constatées. Ce tableau est très grave chez les adultes, particulièrement âgés ou avec des comorbidités, mais peut également s'observer chez les enfants dans le PIMS, selon le même mécanisme physiopathologique de départ, avec un orage cytokinique, une hyper inflammation et une hyper réaction à l'entrée du virus dans l'organisme.