.‑ Je vais d'abord répondre aux questions de Catherine Procaccia. Les autorités politiques de la région dont ma circonscription dépend semblent vouloir commander des doses elles-mêmes pour pallier le manque. Néanmoins, tout achat par une région est juridiquement impossible, car seul le canal national, via l'Union européenne, est possible.
S'agissant de la vaccination des personnes de moins de 50 ans essentielles au fonctionnement de la nation, telles que les pompiers, il est important de rappeler que la quantité de doses disponibles reste faible et que se pose donc un problème de pénurie. Cela vient des capacités industrielles de production de Pfizer-BioNTech et de Moderna, de leurs problèmes éventuels d'approvisionnement, du retard dans la mise au point d'un vaccin Sanofi, etc. Si toutes les personnes éligibles aux premières phases se font effectivement vacciner, il y aura une pénurie. Cependant, celle-ci est peu probable dans la mesure où tout le monde ne voudra pas se faire vacciner. Il faut bien mesurer l'ampleur de ces contraintes avant d'élargir le périmètre de la vaccination.
Sauf pour le vaccin produit par Moderna – ce qui reste à confirmer – la vaccination n'est pas stérilisante et ne prévient pas la dissémination du virus. Il est donc inutile de vacciner les enfants, qui ne sont pas à risque de forme grave – avec la souche dominant actuellement comme avec le variant britannique – car la balance bénéfice-risque n'est pas suffisamment favorable.
J'ai l'impression que la vaccination progresse très – trop – lentement dans les EHPAD, ce qui est regrettable. Tous les acteurs de la vaccination n'ont pas pris la mesure de l'urgence, alors que le risque d'une troisième vague est bien réel.
Les auditions que nous avons réalisées nous font nous interroger sur la pertinence de l'entretien pré-vaccinal avec le médecin, qui repose surtout sur quatre questions, sachant qu'il est tarifé à 40 euros puisqu'il s'agit d'une consultation spéciale. Il est important qu'un médecin supervise la vaccination, dans la mesure où des accidents allergiques graves peuvent survenir, mais une organisation différente permettrait à d'autres personnels de santé de la réaliser, notamment dans les EHPAD.
En France, les autorités n'envisagent pas de réduire le nombre de doses ou d'allonger le délai entre les deux injections. Les délais prévus doivent être maintenus, avec une souplesse raisonnable de quelques jours, car il n'y a pas d'argument scientifique pour garantir l'efficacité du vaccin en cas de changement de protocole. Alain Fischer nous l'a confirmé.
La stratégie des « vaccinodromes » n'a pas été choisie et cela implique des lourdeurs logistiques. Les préfets connaissent la disponibilité des doses
Concernant l'hésitation vaccinale, j'observe qu'une fois que le vaccin est devenu disponible, mais rare, avec des menaces de pénurie, les gens ont tout à coup voulu se faire vacciner. On voit bien là le biais cognitif qu'entraîne la rareté. Lorsque les vaccins seront en quantité suffisante, peut-être que les personnes seront moins pressées de se faire vacciner.
La logistique derrière la vaccination est déjà assurée par le secteur privé, notamment Géodis et d'autres grands logisticiens. Le gouvernement s'est aussi adjoint l'aide d'un bureau d'études américain, et il a d'ailleurs été critiqué pour cela. J'estime que le gouvernement met tout en œuvre pour que tout soit le plus efficace possible.
Les erreurs d'injection semblent venir de ce que la direction générale de la Santé (DGS) aurait transmis une information erronée sur la technique d'administration du vaccin : l'injection doit bien être intramusculaire et non sous-cutanée.