Intervention de Jean-François Eliaou

Réunion du jeudi 28 janvier 2021 à 18h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-François Eliaou, député, rapporteur :

. – Professeur, il est vraiment très important et intéressant de pouvoir discuter avec vous.

Comme vous le savez, l'Office a une mission constitutionnelle : il réunit en effet des parlementaires, députés et sénateurs, dont le rôle est d'évaluer et contrôler les politiques publiques et l'action du gouvernement. Dans ce cadre, permettez-moi de vous soumettre deux séries de questions.

La première concerne le volet strictement médical et scientifique. Vos explications sur la relation entre hôte et virus et l'importance de l'immunité antivirale sont extrêmement claires. Ma question est relative au risque d'échappement lié à la pression de sélection exercée sur le virus. Ce phénomène est connu et n'a rien de surprenant. Il semblerait qu'il puisse être la conséquence des mesures sanitaires appliquées actuellement. Ces mesures sont apparues plutôt efficaces pour diminuer l'épidémie de la souche ancestrale. Les vaccins arrivent par ailleurs. Ceci ne fait-il pas le lit de l'émergence de variants, avec des conséquences pas nécessairement pathologiques – même si l'augmentation des contaminations accroît le risque de formes graves –, mais paralysantes pour la société, car elles ne toucheraient pas nécessairement les personnes âgées mais plutôt des populations plus jeunes ? En d'autres termes, la pression de sélection exercée sur le virus n'est-elle pas facilitée par les mesures que nous sommes contraints de prendre, y compris la vaccination ?

Il a été question des capacités de séquençage. Nous savons tous que le séquençage n'est pas une technique de routine pour effectuer du diagnostic, en particulier virologique. Peut-on envisager de disposer de kits permettant non pas d'avoir une suspicion d'apparition d'un nouveau variant, mais de disposer d'un diagnostic, comme ceci a été le cas pour VIH1 ou VIH2 ? De tels kits permettraient de voir les différentes souches présentes, d'être plus précis dans les statistiques et de se situer plus en amont d'une réponse sanitaire ou thérapeutique vis-à-vis des variants. On peut multiplier les plateformes de séquençage, mais jamais on ne parviendra à la souplesse offerte par des kits que l'on peut quasiment utiliser chez soi et qui permettraient d'avoir une vision beaucoup plus précise de la dissémination de ces virus.

De même, est-on assez agile pour préparer l'arrivée de nouveaux vaccins, plus adaptés, sachant que les variants et leurs séquences sont connus et qu'il est facile, à partir d'ARN synthétique, de synthétiser des vaccins ?

Ma deuxième série de questions renvoie à la mission de contrôle et d'évaluation dévolue à l'Office. Elle concerne les relations que le Conseil scientifique et son président entretiennent avec l'exécutif. Cette relation peut être rendue complexe par le fait que les politiques ont d'autres contraintes et enjeux à considérer que les seuls éléments scientifiques. Quelle est votre puissance d'impact en tant que Conseil scientifique et en tant que président de cette instance ?

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