La caractéristique mécanique qui s'affaiblit au fil du temps est la fluence du matériau. Si cette dégradation est importante, il peut y avoir un risque pour la tenue des cuves. Il existe plusieurs parades pour éviter la dégradation du métal de la cuve, par exemple une répartition du combustible adaptée à l'intérieur du cœur, de façon que le métal, notamment le plus proche des crayons de combustibles en périphérie, soit moins affecté par le rayonnement. Des mesures de gestion permettent de réduire l'exposition du métal de la cuve à travers le temps. Des réflexions sont également à mener sur les traitements éventuellement réalisables sur le matériau lui-même, pour améliorer ses caractéristiques mécaniques. D'après ce que je sais, cela se fait à l'étranger, notamment aux États-Unis. Nous n'avons pas exploré ces sujets en France, mais il faut absolument le faire pour savoir si des parades pourraient être mises en œuvre pour aller bien au-delà des 50 ans. Les analyses que nous avons obtenues de la part d'EDF et les conclusions des experts qui se sont prononcés sont claires : jusqu'à 50 ans, les cuves des réacteurs de 900 mégawatts, y compris celles qui font l'objet de défauts d'origine, ne sont pas en cause et ne portent pas de risque pour la sûreté. C'est pourquoi nous avons pris la décision générique. Néanmoins, les résultats montrent que les cuves de tous les réacteurs ne devraient pas pouvoir durer au-delà de 50 ans. Lorsque les analyses seront achevées, cela pourrait conduire EDF à choisir les réacteurs devant faire l'objet d'un arrêt d'ici 2035 – la programmation pluriannuelle de l'énergie prévoit que douze réacteurs, en plus des deux arrêtés à Fessenheim, doivent être arrêtés entre 2028 et 2035. Il me paraît donc absolument indispensable de prendre en compte les sujets de sûreté, notamment celui que nous venons d'évoquer, pour articuler l'arrêt des réacteurs de 900 mégawatts avec l'échéance des 50 ans. D'ici 2035, 15 réacteurs de 900 mégawatts atteindront leurs 50 ans. Il conviendrait qu'EDF intègre les résultats d'analyses en termes de sûreté pour choisir, de manière judicieuse, les réacteurs à arrêter. C'est tout à fait possible, mais il faut se pencher sérieusement sur le sujet et réfléchir sur ce qui se passera après 50 ans. C'est fondamental, il faut anticiper.