Une question portait sur la perspective de mise en place d'une filière nucléaire de fusion. Elle fait référence au projet ITER de démonstration de fusion nucléaire, par confinement magnétique de deutérium et de tritium, amenés à fusionner à l'intérieur du plasma à très haute température. L'installation ITER est unique au monde et sa construction est toujours en cours. Le planning prévisionnel de fonctionnement d'ITER comporte plusieurs phases. La première phase, qui pourrait advenir dans les prochaines années, est la réalisation d'un premier plasma qui ne serait pas radioactif, ce qui est prévu en 2025. Une première expérience de fusion thermonucléaire est envisagée en 2036. Le chantier est hors-norme et sa mise en place demande de réaliser de nombreuses expériences. Tout n'est pas encore prévu. Des innovations sont en cours pour pouvoir achever la construction du réacteur, certaines restent à valider. Par exemple, une recherche est en cours sur les nouveaux matériaux qui permettraient de réduire la propagation du flux neutronique considérable dégagé par la fusion à l'extérieur de la cuve et du bâtiment réacteur. Le choix du matériau dont sera constitué cet écran sera fondamental, ce flux neutronique conduisant à l'activation de matériaux à l'extérieur du réacteur lui-même. Les conditions d'injection du tritium sont également fondamentales pour faire fonctionner et maintenir le plasma en l'état. Ces deux sujets de recherche indispensables pour faire fonctionner l'installation ITER ne sont pas achevés.
Si la démonstration de fusion par confinement magnétique est concluante – elle ne sera réalisée qu'en 2036 – la deuxième étape, au-delà d'ITER, sera la décision de construire un pilote industriel de production d'électricité par fusion. Nous en sommes au démonstrateur et si tout se passe bien, la phase pilote aura lieu dans la deuxième moitié de ce siècle ; le développement d'une filière ne pourrait être envisagé qu'au XXIIe siècle. La fusion nucléaire peut apparaître comme un Graal, mais il reste encore beaucoup d'étapes à franchir et de technologies à maîtriser. Ce n'est pas gagné. Elle permettra de s'affranchir de la question de l'approvisionnement en combustible, et ainsi de valoriser un certain nombre de capacités dont nous disposons, mais elle ne supprimera pas la question des déchets. Il faudra gérer des déchets tritiés en quantité très importante et des déchets de produits activés dans l'installation par le flux neutronique. La fusion n'entraîne pas de miracle en termes de gestion des déchets.