. – C'est effectivement maintenant une tradition bien établie que celle consistant pour le CSTB à présenter devant l'OPECST son rapport annuel et son bilan d'activité. Pour l'année 2020, nous avons choisi de publier un rapport Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) valant rapport d'activité. Nous estimons en effet que dans le cadre de la transformation globale de la société, qui a été accélérée par la crise sanitaire, nous devons en tant qu'établissement public industriel et commercial au service de l'intérêt général et de nos clients, mieux affirmer nos démarches RSE. C'est ce qui nous a conduits à faire le choix d'un rapport qui couvre à la fois la RSE et l'activité de l'établissement.
Comme toutes les organisations, le CSTB a été en 2020 très fortement marqué par la crise sanitaire et a dû et su basculer en mode de travail à distance quasiment du jour au lendemain. Nous n'avons été ni meilleurs ni plus mauvais que les autres dans la mise en œuvre de cette nécessité. En revanche, la crise sanitaire, dans le secteur du bâtiment, a clairement fait réémerger un sujet qui était passé au second plan, derrière les transitions environnementales et numériques, à savoir la question du confort et de la salubrité des bâtiments, au‑delà des fake news sur la durée de vie des virus et la propagation de la Covid‑19 dans les espaces fermés. Cette situation nous a amenés à mobiliser les connaissances scientifiques existantes et à déterminer les connaissances manquantes sur la propagation et la survie des agents pathogènes dans un espace bâti.
Nos travaux d'expertise, c'est‑à‑dire de mobilisation des connaissances existantes, ont consisté à examiner avec le conseil départemental des Hauts‑de‑Seine comment optimiser l'exploitation de ses collèges pour limiter au maximum le risque de contamination. Nous avons mené ces travaux pendant l'été 2020 et en avons remis les conclusions au conseil départemental en septembre 2020. D'un commun accord avec notre mandataire, nous les avons rendues publiques pour qu'elles puissent profiter à l'ensemble de la collectivité nationale et au‑delà.
Ces conclusions relèvent globalement du bon sens, consistant à séparer les flux et à les limiter en faisant se déplacer les professeurs entre les classes plutôt que les élèves. Des travaux plus pointus ont été conduits sur la stratégie de ventilation d'une classe, entre une ventilation forte une ou deux fois par jour et une ventilation légère mais très régulière. Il apparaît que la meilleure solution consiste à ventiler un peu quasiment à la fin de chaque cours.
Ces travaux d'expertise nous ont amenés à prendre conscience d'un déficit de connaissance sur la propagation et la durée de vie d'un virus dans un espace bâti comportant des matériaux de plus en plus complexes. Cela nous a amenés à lancer en fin d'année dernière un programme de recherche qui se déroulera sur les trois prochaines années. Ce programme vise à analyser comment se propage un agent pathogène en fonction du type d'espace bâti, quelle sera la durée de vie de cet agent pathogène sur les différents types de surface d'un espace bâti et quelles solutions de remédiation peuvent être mises en œuvre pour en limiter la nocivité. Notre objectif n'est pas d'apporter une réponse à la crise sanitaire actuelle mais de nous préparer à une prochaine crise équivalente. Nous mènerons ce programme en partenariat avec des établissements de recherche plus spécialisés dans les questions de santé, le CSTB ne possédant pas de chercheur en biologie. Nous comptons disposer des premiers livrables dans le courant de l'année 2022 et terminer la première phase de ce programme de recherche d'ici fin 2023.
L'année 2020 a par ailleurs été marquée par la refonte du pilotage de la recherche au CSTB. Jusqu'à présent, à l'instar d'un certain nombre d'organismes scientifiques, notre recherche était structurée selon une organisation très disciplinaire, entre les sujets relatifs à l'énergie et à l'environnement, à la santé et au confort, à la maîtrise des risques, au numérique et aux usages. Cette approche très classique et efficace atteint néanmoins clairement ses limites pour l'étude de l'objet complexe que constitue le bâtiment. Il n'est pas possible de réfléchir sur le bâtiment simplement à l'aune des questions d'énergie et d'environnement car cela risquerait d'entraîner des dommages collatéraux sur la question de la santé ou du confort. Ce constat, partagé avec notre conseil scientifique, nous a amenés à refondre complètement le pilotage de notre recherche. Tout en maintenant des équipes disciplinaires, nous avons, pour le pilotage, défini quatre domaines d'action stratégiques de recherche afin d'aborder les questions du bâtiment de façon beaucoup plus transversale, couvrant les thématiques suivantes :
‑ le bâtiment face aux changements climatiques ;
‑ bien vivre dans son bâtiment et son quartier ;
‑ fiabiliser l'acte de construction et de rénovation ;
‑ le bâtiment face aux enjeux de l'économie circulaire et de l'économie des ressources.
Nous avons mis en place cette structuration en désignant fin 2020 les quatre directeurs de domaine d'action stratégique, constituant la structure faîtière du pilotage de la recherche du CSTB. Je leur ai demandé de présenter dans le rapport d'activité pour 2020 leur vision des enjeux du domaine stratégique dont ils ont la charge.
Nous avons été très mobilisés sur les questions environnementales, notamment en accompagnement de l'État, que ce soit pour l'élaboration de la réglementation environnementale qui entrera en vigueur en fin d'année ou pour la fiabilisation de l'acte de rénover au travers des projets que nous avons menés avec l'ensemble de la filière, mais également sur les sujets de réponse aux agressions extérieures, notamment naturelles, avec la poursuite de nos travaux sur Marseille.