Intervention de Benoît Lepesant

Réunion du jeudi 22 juillet 2021 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Benoît Lepesant :

– Trois grands sujets sont au cœur de la question de la viande.

Tout d'abord, celui de la santé humaine. Bien que la viande puisse apporter des nutriments ayant un bénéfice pour notre santé, les sociétés occidentales consomment trop de viande par rapport à ce que recommandent les autorités sanitaires. Or il est démontré que cette consommation excessive peut entraîner des cancers et des maladies cardiovasculaires. Par ailleurs, l'approche zootechnique de l'élevage repose sur la sélection génétique des animaux, l'utilisation d'hormones et d'antibiotiques. Ces usages entraînent des risques pour les animaux mais aussi pour l'Homme, notamment avec l'apparition des zoonoses.

La seconde raison d'interroger notre consommation de viande est son impact sur l'environnement. L'élevage représente 14,5 % des émissions de CO2 au niveau mondial et 85 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour le secteur agricole. L'élevage mobilise 30 % des terres mondiales. Une grande partie des terres agricoles est utilisée pour produire l'alimentation du bétail, avec deux conséquences graves : la déforestation et le développement de monocultures industrielles qui réduisent la biodiversité. Produire un kilo de viande bovine nécessite beaucoup d'eau. L'élevage contribue aussi à la pollution des eaux par le rejet d'effluents et d'antibiotiques, à quoi s'ajoutent les engrais utilisés pour la production de leur nourriture.

Enfin, l'exploitation des animaux et la consommation de leur viande posent des questions éthiques. Peut-on exploiter un animal, le faire souffrir, le tuer ? Pour Descartes, l'animal n'est rien d'autre qu'une machine perfectionnée. L'idée selon laquelle les animaux sont des êtres sensibles a émergé au Siècle des Lumières. En 2015, notre code civil reconnaît les animaux comme des êtres vivants, doués de sensibilité et non plus comme de simples meubles. La réalité de la sensibilité animale est aujourd'hui démontrée par des travaux scientifiques. Nous savons aujourd'hui que c'est de la mort d'un être sensible que nous nous nourrissons. Les études scientifiques montrent aussi que l'animal est doté de sentiance, soit la capacité à ressentir des émotions, la douleur, le bien-être et à percevoir de façon subjective son environnement. Ces progrès dans le domaine de la cognition animale nourrissent le débat éthique sur la viande.

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