– À partir de ces controverses et autour de trois grands thèmes qui se dégagent sur la question de la viande, le rapport propose quatre scénarii prospectifs avec des orientations possibles.
Le premier scénario se base sur le modèle intensif de la ferme-usine. C'est la poursuite du scénario le plus répandu aujourd'hui. Du point de vue de l'environnement, de la santé ou de l'éthique, ce modèle ne semble plus tenable. Toutefois, si l'on se place à l'échelle mondiale, on peut noter que les efforts des pays européens sont à remettre en perspective avec une tendance observée dans les pays émergents, par exemple la Chine, qui a multiplié sa production de viande par sept depuis les années 1970.
Le deuxième scénario est celui de la viande artificielle. Cela vise à remplacer la viande traditionnelle par des cellules cultivées industriellement et dont les caractéristiques sont les mêmes que celles de la viande classique. Cela répondrait aux préoccupations sanitaires et éthiques autour de la vie et de la mort de l'animal. Toutefois, des études plus poussées sur le coût environnemental de cette production sont attendues. La barrière culturelle pourrait être importante, notamment dans un pays comme la France.
Le troisième scénario est celui du végétalisme. Si différentes études ont été menées sur les carences et compléments alimentaires nécessaires dans le cadre d'une telle alimentation, d'autres questions sont posées par la proposition d'un retour à un monde sans élevage. Que deviendraient les animaux issus de races d'élevage qui ne survivraient pas dans la nature ? Que deviendraient nos paysages structurés par l'agriculture ? Combien de terres arables faudrait-il pour nourrir l'humanité tout entière ?
Le quatrième scénario propose un modèle d'agriculture respectueuse des animaux et des métiers de la filière, avec des circuits courts ayant moins d'impact sur l'environnement, prônant une réduction de la consommation. Considérant que les protéines animales restent constitutives d'une alimentation équilibrée, ce modèle prend le parti de réformer la filière viande dans son ensemble, mais aussi le comportement des consommateurs. S'il s'agit d'une tendance observée dans les milieux plutôt privilégiés, une réflexion économique sera nécessaire pour que la viande reste un produit, certes rare, mais toujours accessible à tous.