– Nous avons constaté, à travers nos entretiens et nos études, que les mesures d'adaptation sont très souvent complexes et très difficiles à mettre en œuvre. Nous avons mené une analyse systémique pour essayer d'identifier tous les acteurs concernés en France, leurs enjeux et leurs interactions. Le schéma qui vous est présenté montre le gouvernement, la mairie, la région, les communes et intercommunalités et la société civile. Ce qui nous a sauté aux yeux, c'est la grande complexité d'interactions et le fait que les maires se retrouvent entre le marteau des directives administratives et l'enclume de la société qui les rejette (en particulier, les mesures de relocalisation et d'abandon). Au contraire, eux demandent des moyens de protection immédiats.
La complexité est encore accrue par le fait que les logiques de chacun de ces acteurs sont à la fois divergentes et inconciliables. Pourquoi ? Pour deux raisons. La raison temporelle, parce que les échéances ne sont pas les mêmes, elles peuvent être immédiates pour des chefs d'entreprise dont la survie est liée au chiffre d'affaires de leur outil de production ; pour les femmes et hommes politiques, ce sont les élections qui sont des jalons majeurs et pour les particuliers, cela va être la protection de leur patrimoine et sa transmission à leurs enfants.
Puis il y a l'aspect géographique : les structures administratives ne coïncident pas avec les zones dans lesquelles il est pertinent de mettre en œuvre des mesures d'adaptation, qu'on appelle les cellules hydrosédimentaires.
Cela se traduit par le fait que généralement, durant un mandat, le maire va parer au plus pressé et donc faire des protections qui, d'une part, s'avéreront inefficaces face aux hausses du niveau de la mer, d'autre part sont coûteuses à entretenir, perturbent les flux sédimentaires et les zones voisines.