Intervention de Arnaud Lalo

Réunion du jeudi 22 juillet 2021 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Arnaud Lalo :

– Je vais faire un lien entre la première question de monsieur Villani et la dernière question de monsieur Bolo. Nous allons rester dans le domaine de la modernité et nous ne souhaitons pas alimenter la crise de la démocratie parlementaire. Notre collectif a repéré deux écueils, deux impasses. Vous l'avez évoqué en parlant de la convention citoyenne sur le climat. Il ne s'agit pas d'une mesure de défiance vis-à-vis de la démocratie parlementaire, mais il faut pourtant constater que l'on ne peut pas construire un consensus ou une décision légitime sans y associer, au moins dans une phase préalable, un temps de co-construction avec les différents acteurs.

L'exemple des gilets jaunes l'a montré. Il est né du refus d'une taxe comportementale qui visait justement à faire changer les modes de vie. Mais en ne prenant pas assez en compte les perdants de la réforme, en négligeant de les accompagner, on a sans doute accéléré le mouvement social, même s'il y a des phénomènes beaucoup plus profonds que cela. En matière de co-construction, d'assentiment ou d'acceptabilité, les sciences sociales montrent qu'elles ne sont pas une donnée. Les opinions ou les sensibilités de chacun évoluent dès lors que les acteurs sont intégrés à des processus de co-construction, d'intelligence collective, de débat. Cela n'élimine pas la conflictualité, mais cela permet de l'accompagner. C'est pour cela que nous faisons un lien entre tout ce qui peut améliorer la diffusion de l'information et la montée en compétences, et l'insertion des acteurs dans des processus de co-construction. Ceci n'enlève à notre sens rien à la légitimité de la représentation nationale pour prendre les décisions démocratiques.

Quant au pari sur l'avenir, il nous semble – c'est un ressenti assez transverse à tous les groupes – que l'humanité est plus encline aujourd'hui à faire des paris plus humbles qu'elle ne les a faits jusque-là. Se sachant faillible, elle fait moins de paris qui engagent des conséquences incertaines, inconnues, comme celles que vous évoquiez justement sur la gestion de déchets hautement radioactifs sur des dizaines de milliers d'années. Il faudra bien les traiter, mais il est vrai, je pense, que les générations actuelles ont davantage de réticences à faire ce genre de choix.

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