– Monsieur le président, vous nous avez interrogés sur l'articulation entre démocratie participative et démocratie représentative. Certains éléments de réponse viennent d'être apportés et je vais juste compléter par certaines notions et données supplémentaires que nous avons pu relever dans notre rapport.
Après avoir entendu les experts, nous nous sommes rendu compte que les citoyens se sentent aujourd'hui exclus du processus décisionnel, dominé très clairement par la figure de l'expert. Ils ont la sensation, à tort ou à raison, il ne nous appartient pas d'en juger, que les circuits de décision sont peu transparents. Selon nous, notre société est aujourd'hui à un point où il est indispensable que le contrat social soit actualisé. Preuve en sont encore les dernières élections qui ont eu lieu, les élections régionales. Il faut sûrement approfondir la démocratie, la cohésion nationale, le sentiment de citoyenneté, et améliorer sans doute l'intelligence collective, précisément sur ces décisions relatives au nucléaire.
Ce sujet est assurément complexe. Il est multidimensionnel. Pour nous, il nécessite la confrontation de points de vue. Et comme l'a parfaitement rappelé monsieur Bolo, il faut une co-construction et une acceptabilité. Dans notre rapport, nous relevons que si l'on observe bien la multiplication des mouvements citoyens, ceux-ci sont souvent nés de choix politiques qui nécessitaient des choix de modes de vie radicaux, immédiats, avec des modifications de comportement immédiates elles aussi. La multiplication de ces mouvements citoyens qui vont parfois à l'encontre du développement de la filière nucléaire ou des projets éoliens montre que l'acceptabilité sociale doit prendre en compte des considérations qui vont bien au-delà d'un débat sur la sécurité de l'approvisionnement ou le coût de l'électricité. Cela concerne un processus décisionnel dans son ensemble.
Pour nous, aujourd'hui, le point clé de l'acceptabilité, c'est la référence à tous ces mécanismes de concertation, en amont des projets de transition énergétique, afin qu'il y ait vraiment une construction dans un consensus. Nous avons d'ailleurs fait sciemment des recommandations concrètes, probablement utopistes, notamment celle consistant à concevoir et animer des dispositifs pérennes sous la forme de services citoyens de la transition, qui permettraient à tous les actifs et les non actifs de s'engager dans des actions de formation, dans des actions de consultation sur les transitions, sur ces choix énergétiques et sur la place du nucléaire.
Puisque la question de l'articulation entre démocratie participative et démocratie représentative nous a été posée, c'est peut-être la recommandation que je viens d'exposer qui peut faire le ciment entre les deux.