. – Merci pour cette note qui donne le vertige. Dans le cadre de la mission sur la science ouverte que nous conduisons pour l'OPECST, il est apparu qu'environ un tiers des articles scientifiques produits et publiés n'étaient finalement jamais lus : le stockage sur ADN pourrait-il aider les chercheurs à envisager un autre mode de diffusion de leurs données, moins systématiquement porté vers la production d'articles ?
L'expérimentation menée par les Archives nationales fait réagir le conservateur du patrimoine que je suis. L'original de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen n'est pas détruit, et les ouvrages qui en rendent compte non plus. Nous avons pour ce type de documents un mode d'archivage de très longue durée, les archives froides. Par conséquent, le stockage sur ADN ne vient pas se substituer aux originaux, il s'y ajoute. Cela reste une excellente chose, car pour l'archiviste, le choix du mode d'archivage est fondamental.
L'un des sujets sur lesquels il me paraît important d'avancer est celui des banques de gènes, en particulier pour les céréales. Il existe déjà une réserve mondiale de semences dans l'archipel du Svalbard. Un jour, l'humanité pourrait avoir intérêt à y revenir, y compris pour des variétés que nous ne cultivons plus aujourd'hui. D'ailleurs, pour faire suite à la remarque de Gérard Longuet, pourquoi ne pas envisager un stockage sur la face cachée de la Lune ? Ce qui semble relever de la science-fiction mettrait en réalité les données à l'abri de bien des aléas. Toutes ces questions sont complexes et ouvertes, y compris sur le plan philosophique.