Intervention de Ludovic Haye

Réunion du jeudi 9 décembre 2021 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Ludovic Haye, sénateur, rapporteur :

. – Compte tenu du faible volume qu'elles occupent, emmener les données stockées sur ADN sur la face cachée de la Lune n'aurait sans doute rien d'infaisable. Mais une fois de plus, en cas de très gros problèmes sur Terre, qui ira lire ces données sur la Lune ? Ce ne sera sans doute pas la priorité…

J'ai échangé avec plusieurs scientifiques. Ils sont enfermés dans un système où il faut « publier pour survivre », et donc produire des données pour survivre. C'est peut-être d'abord sur ce système qu'il faudrait agir…

Il est vrai que nous disposons encore des documents originaux – vous avez cité l'exemple de la Déclaration de 1789. Mais il faut bien comprendre que cela tient à l'époque de leur production. S'il y avait aujourd'hui une nouvelle Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, prendrait-elle vraiment la forme d'un document papier original ? Ou ferait-on plutôt comme chez le notaire, avec une signature électronique et un document dématérialisé ? Le support numérique de ce document devrait quand même être remplacé au bout de quelques années. Nous pensions avoir fait le plus dur avec le papyrus, mais non : c'est bien le numérique qui posera les plus gros problèmes de conservation. Tous les supports vieillissent, et les disques durs ne sont pas non plus à l'abri d'une catastrophe – imaginez par exemple une guerre électromagnétique. Nous l'avons connu avec les registres d'état civil de nombreuses mairies, disparus après 1945 car l'occupant se chauffait parfois avec.

Cela pose une question majeure : identifie-t-on bien aujourd'hui les données importantes ? Interrogez un chercheur dans un laboratoire : il vous répondra souvent qu'il dispose bien de sauvegardes de ses travaux sur son ordinateur ou son cloud, mais qu'en est-il au-delà ? Qui est garant des données essentielles de notre société ? Ce n'est pas le rôle de la CNIL, ce n'est pas non plus celui des organismes qui interviennent sur les aspects réglementaires.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.