– Le travail d'Annick Jacquemet est très riche, très complet. Je m'interroge néanmoins sur la méthodologie retenue, car ce travail traite de nombreux sujets et remet en cause l'essentiel des modes de culture qui ont assuré le développement économique de l'Union européenne, en particulier la PAC. C'est une préoccupation légitime, ce sont d'ailleurs des débats quasi permanents, aussi argumentés que passionnés – le dernier exemple en date étant celui des néonicotinoïdes.
Peut-être cette note présente-t-elle la petite faiblesse d'ouvrir trop de fronts à la fois. Certes, le déclin des insectes est un sujet absolument majeur. Mais il s'agit d'un phénomène multicausal. S'agissant de l'agriculture, le diagnostic aurait mérité d'être modulé en fonction de la nature des cultures. Le système agricole mondial est tout de même assez différencié, puisqu'il comprend à la fois des cultures extensives, des cultures intensives, des cultures primaires, etc. Sans parler de l'absence totale de culture, lorsque les conditions climatiques ou démographiques ne le permettent pas. Certains modes de culture sont en tout cas plus favorables que d'autres aux insectes.
Les insectes sont aussi des agents de la culture industrielle. De grands laboratoires, tel BioMérieux en France, proposent que certains traitements des grandes cultures soient assurés par des insectes. L'homme, dans sa perversité, sait ainsi opposer les insectes les uns aux autres, de sorte que l'on préserve les cultures. Telle est la complexité du système des insectes : il y a aussi des insectes maîtrisés ou domestiqués, comme des chiens ou des chevaux peuvent l'être.