– Cela fait partie des problèmes analysés par un laboratoire d'idées qui s'appelle l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), qui est notamment très intéressé par les transitions agro-écologiques. Il a été auditionné au printemps dernier par la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale dans le cadre de tables rondes sur la réforme de la politique agricole commune.
Leur problématique est la suivante : au vu des données de consommation, mais aussi des données agricoles et économiques, peut-on imaginer, à l'échelle de l'Europe, une transition agro-écologique complète, sans élevage intensif mais où toutes les fonctions alimentaires soient assurées ? Leur conclusion, approuvée par certaines institutions et critiquée par d'autres, était que cette transition peut se faire mais à plusieurs conditions. L'une d'entre elles est la relocalisation en Europe de toutes les cultures de légumineuses, de soja pour nourrir le bétail, etc. Une autre est la diminution de la consommation de viande à l'échelle européenne, d'un facteur au moins 2. Le GIEC tend à préconiser une réduction encore plus importante, par un facteur 5 ou 6, pour avoir un impact significatif sur les émissions des gaz à effet de serre. Un slogan du GIEC serait non pas « un jour par semaine sans viande ni poisson », mais « un jour avec viande ou poisson ». Comme toujours, le GIEC n'impose pas une ligne directrice, mais avance des propositions et des options parmi lesquelles la société est seule légitime à décider. Il me paraît clair qu'il est impossible de sortir à la fois de l'élevage intensif et de continuer à produire la même quantité de viande qu'aujourd'hui.