Intervention de Annick Jacquemet

Réunion du jeudi 9 décembre 2021 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Annick Jacquemet, sénatrice, rapporteure :

– Je précise que 30 % de la production alimentaire finit en déchet. Une prise de conscience est nécessaire, il faudrait mettre en place certaines mesures car ce taux est loin d'être négligeable.

Pour en revenir à l'élevage des insectes, il est vrai qu'il existe déjà : pour lutter contre les pucerons, par exemple, il existe des élevages de coccinelles. Je parlais tout à l'heure de la pyrale du buis. Des micro-guêpes peuvent aider à lutter contre cette pyrale car elle n'a pas de prédateurs, mais certains peuvent exister en Chine. La production d'insectes utiles est déjà un axe de recherche.

La forêt est vertueuse pour la biodiversité, j'en suis convaincue. Reboiser est d'ailleurs un sujet d'actualité. Dans le département du Doubs, les forêts sont très atteintes par les scolytes et autres maladies, alors qu'il faut gérer en parallèle les effets du réchauffement climatique. La problématique de régénération des bois s'intensifie et l'ONF est pour l'instant en difficulté pour nous proposer des essences pertinentes à planter. De plus, il faut attendre 10 ou 20 ans pour voir le résultat.

Une mode est aussi en train de percer qui tend à multiplier les installations de panneaux photovoltaïques ou de traqueurs solaires, avec un risque de déforestation – les traqueurs sont des panneaux photovoltaïques sur pied qui suivent la course du soleil. J'y suis à titre personnel totalement opposée ; on parle toujours des gaz à effet de serre mais on oublie trop souvent que la végétation et les arbres stockent 15 % du CO2 émis dans l'atmosphère. De plus, la végétation est aussi importante pour la photosynthèse.

Le sujet des risques liés aux antibiotiques et aux anti-parasitaires a été étudié. Parmi les médicaments vétérinaires, un grand nombre d'antibiotiques ont été pointés ou supprimés de l'arsenal des médicaments disponibles, à cause des répercussions dommageables de ces produits administrés par injection ou voie orale aux animaux. La réglementation a aussi été modifiée : les éleveurs doivent avoir une ordonnance avec prescription pour les utiliser. Un antibiotique qui était uniquement à usage vétérinaire a été interdit afin de pouvoir l'utiliser en médecine humaine dans un contexte d'antibiorésistance croissante. Cette démarche a permis de mettre une molécule nouvelle au service de la médecine humaine.

En matière d'atteintes au sol et au sous-sol, là encore les pratiques agricoles commencent à évoluer. En général, les terrains sont retournés sur une profondeur de 20 ou 30 centimètres. Mais retourner la terre n'est pas très bon, à la fois pour les insectes présents dans le sol mais aussi car cela modifie la stratification pédologique : on fait remonter à la surface une terre qui est beaucoup moins favorable, et l'humus se retrouve enfoui trop profondément. La méthode du semis direct ne retourne pas la terre. Elle présente cependant l'inconvénient d'obliger les agriculteurs à changer complètement leur matériel et vous savez comme moi que celui-ci est couteux. C'est la raison pour laquelle nous recommandons d'accompagner les agriculteurs dans cette transition, à tous les niveaux.

Je confirme que la biodiversité de la flore conditionne celle des insectes. Le fauchage différencié se développe car on s'est rendu compte qu'il faut une multitude de végétaux pour permettre aux insectes de se développer. L'urbanisme, j'en ai parlé aussi, constitue une cause supplémentaire d'appauvrissement végétal, donc de déclin des insectes.

S'agissant des abeilles, il faut savoir qu'outre les abeilles domestiques, il y a une population encore plus importante d'abeilles sauvages qui ont aussi un rôle dans la biodiversité et dans la pollinisation. Les abeilles domestiques retiennent souvent l'intérêt, mais elles ne correspondent qu'à une petite partie des pollinisateurs.

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