‑ Je tiens à saluer votre travail qui a le mérite de partir d'une approche factuelle pour essayer de rationaliser le débat.
Dans un premier temps, je vais revenir sur trois des enseignements que vous avez clairement mis en évidence dans votre document : celui que vous numérotez quatrième, la neutralité carbone en 2050 est impossible sans un développement significatif des ENR, le sixième, construire de nouveaux réacteurs nucléaires est économiquement pertinent, et le onzième, qui traite des paris technologiques que vous avez parfaitement détaillés.
Ces trois enseignements démontrent l'intérêt de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Ils font écho aux débats qui opposent les anti-énergies renouvelables aux antinucléaires, en montrant qu'il existe un chemin intermédiaire. Ils éclairent utilement le panel des scénarios, ou le choix d'un scénario cible.
Mais comment peut-on s'assurer que ces enseignements ne vont pas être contestés, qu'il n'y aura pas des tentatives de dire qu'ils ne sont pas sérieux et ne tiennent pas la route, auquel cas tout votre édifice s'effondre ? Ce risque ne peut être écarté, bien que vous ayez clairement montré la rigueur et la robustesse de votre dispositif, tant du point de vue de la concertation que des modèles utilisés.
J'ai ensuite une question un peu plus technique. Quand on parle d'énergie, on parle souvent de consommation et de production, mais vous parlez aussi de réseau ; ce genre d'approche, pas si fréquent, est excellent. Le scénario M1 attire mon attention, car il est basé sur un développement massif et diffus du photovoltaïque. Il mixe donc la question du réseau et celle de l'autoconsommation. Or, contrairement à d'autres pays, la France a la chance d'avoir un réseau public, héritage de l'après-guerre, assurant la diffusion de l'électricité sur l'ensemble du territoire, ce qui a de nombreux avantages. Il ne faudrait pas que l'on tombe dans un scénario où chacun produit sa propre électricité et utilise le réseau de manière purement assurantielle. Ce réseau apporte une grande plus-value, notamment pour la gestion des énergies renouvelables, diffuses et intermittentes. Il est aussi tout à fait indispensable parce qu'il est équipé du compteur Linky qui, de mon point de vue, n'avait pas exactement le même objectif que celui auquel le destinerait ce scénario M1.
Vous indiquez que le cuivre est un élément à surveiller pour les développements technologiques futurs. Avez-vous pris en compte le démantèlement du réseau téléphonique filaire, qui date de plusieurs décennies et va être remplacé par la fibre ? Ce réseau pourrait-il être un gisement de cuivre à mobiliser dans les énergies renouvelables ?
Enfin, pour rebondir sur la question de Stéphane Piednoir, avez-vous effectué une analyse de sensibilité sur l'interconnexion à la maille du réseau européen, pour savoir si la France peut fournir de l'électricité aux pays frontaliers et comment tout cela s'équilibre ? Les scénarios sont-ils aussi robustes du point de vue de l'intégration européenne ?