Je répondrai cette fois à titre personnel : à l'Assemblée nationale, j'aurais envie de voir et d'entendre de la parole, d'être plongé dans des discours fondateurs à leur époque, ayant marqué l'histoire dans ce lieu. Je souhaiterais que l'émotion ressentie me rende fier de partager cette histoire et ce patrimoine.
Je pense, bien entendu, aux discours de la période révolutionnaire, au discours de Simone Veil sur la loi en faveur du droit à l'avortement, aux débats sur l'abolition de la peine de mort ; tous les grands débats marquant les guerres et autres moments tragiques, ou d'autres marquant de grands progrès…
Afin d'être pleinement accessible, cette parole pourrait être portée par des acteurs, du fait de mon expérience, de mon métier et de mon éducation, cette parole me fera vibrer si je la regarde sur un écran, avec un casque de réalité virtuelle. Si j'entre dans une salle dans laquelle je suis environné par une image qui m'emporte et que surgissent ces voix portées par des comédiens extraordinaires, ou même des voix réelles : un mélange qui me fasse comprendre émotionnellement ce qui fait la singularité de la parole qui a créé notre vivre-ensemble tel qu'il est aujourd'hui ; ce serait formidable.
Je serais très sensible à une bonne intelligence de la géographie du lieu ; dans la mesure où il est impénétrable, tout simplement en pouvant regarder une belle maquette augmentée, comme une belle maquette d'architecte, et que l'on puisse éventuellement toucher, notamment si on est malvoyant.
C'est ce qui fait le succès des journées du patrimoine, les questions sont très simples : « Où est-ce ? Comment ça marche ? Comment est-ce ? »
La façade de l'Assemblée nationale regardant la Seine évoque la projection que nous avions faite sur la façade du Grand Palais à l'occasion de l'exposition Gauguin, l'effet fut très réussi, grâce un simple camion placé devant le bâtiment. J'imagine que vous l'avez déjà fait, mais pourquoi pas en continu ? La question est aussi de savoir comment créer de la transparence par la projection d'image.
J'imagine que les contraintes architecturales sont considérables et que l'ouverture de cette façade n'est pas pour demain !
En revanche, je suis entré par la grande porte. Il suffirait qu'elle soit vitrée, que l'on puisse voir à travers, car on ne voit vraiment rien, même pas la cour d'honneur. Dans un de ses premiers projets, notre architecte du Grand Palais, de façon très utopique – mais il faut toujours l'être un peu –, avait imaginé que la transparence du Grand Palais se poursuivait alentour ; or, en face se trouve le Palais de l'Élysée. Il avait ainsi imaginé que le mur de ce palais au fond du jardin soit de verre…